vendredi 28 décembre 2012

Chasseresse

Chasseresse
Celtic Huntress 600
 

  The Musical Priest

 
 
 
 George De Forest Brush, A Celtic Huntress, 1890
huile sur toile (50.8 x 43.8 cm), de Young Museum, San Francisco
  *
 
Andrew Lawrence-King, Jordi Savall, The Musical Priest / Scotch Mary
extrait de The Celtic Viol, Jordi SAVALL 
 
 
 
 
 
 

jeudi 27 décembre 2012

lundi 24 décembre 2012

dimanche 23 décembre 2012

samedi 22 décembre 2012

lundi 29 octobre 2012

Morton Bartlett

  Morton Bartlett
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Morton Bartlett était américain et est né en 1909. On sait assez peu de choses à son sujet si ce n'est qu'il vivait seul et qu'il fut orphelin à l'âge de huit ans. Lorsqu'il mourut, en 1992, on retrouva chez lui de grandes boîtes faites de bois renfermant des  poupées de la taille d'un enfant ainsi que des petits vêtements, des effets, des dessins et des photographies les mettant en scène.
 
bartlett2 300 Bartlett entreprend des études à Harvard en 1929/30 mais il arrête très vite. Il devient alors photographe commercial mais il est contraint d'abandonner pour des raisons de santé liées au travail de labo. Suit une série de petits métiers : gérant de station d'essence, vendeur de meubles, créateur de cadeaux... Toutefois, il parvient à s'installer comme graphiste free-lance et monte une agence.  Mais ce n'est pas en tant que graphiste qu'il laissera un nom. Parallèlement à son travail, et ceci sur une période d'une trentaine d'années, Morton Bartlett va  développer une œuvre personnelle, secrète, étrange, complexe qu'il entame en 1936 et au centre de laquelle figurent une quinzaine de poupées à mi-taille humaine, douze filles et trois garçons. Le projet qu'il visait était insensé : son intention était de rendre ses créatures aussi vivantes que possible. C'est en ce sens qu'il entreprit d'étudier scrupuleusement l'anatomie ainsi que l'histoire du vêtement. 
   
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Ce projet l'a conduit à apprendre la couture, à travailler l'argile et d'autres choses encore. Chaque tête, chaque expression, lui prenait semble-t-il une cinquantaine d'heures.  Une poupée pouvait avoir plusieurs visages. 
   
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Chacune pouvait être démembrée et recevoir différents bras, différentes jambes ainsi qu' une variété de têtes; ce qui permettait de les assembler de différentes manières et selon différentes poses.
 
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 Bartlett n'était pas intéressé uniquement par le processus de fabrication de ses poupées mais voulait leur donner une allure, leur insuffler la vie. Les postures, les grimaces, les poses maladroites, naturelles, amusées, aguicheuses, lui servaient à construire  ce double de la vie. Il installait ces petites personnes dans un lit, en train de lire, sur un fauteuil ou bien installées à la table de la cuisine ou bien encore occupées tout simplement à jouer. Les éclairages étaient étudiés, composés, mimant la lumière quotidienne des jours qui passent et se ressemblent. Sans drame.
   
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Sans drame, sans heurt. Un certain nombre de photographies existent, y compris celles de réserves, soigneusement mises en scènes. Et puis des dessins délicats, très doux, très classiques dans leur facture, faits sur un papier qui a jauni.
   
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  Sans drame, sans violence. Et puis aussi la fantaisie d'un jeu de mains, d'un jeu de jambes un peu gauche ou inélégant, d'une grimace, d'un regard ou d'un vêtement mal ajusté.
   
Sans perversité apparente, non plus. L'enfance mise en scène ici n'est pas nécessairement érotisée même si elle semble destinée à combler un manque. Après tout, de grands artistes ont aussi fabriqué des poupées  : Hans Bellmer, Edgar Degas, Jake et Dinos Chapman (même si on n'est pas ici dans la même catégorie). 

Dans le milieu des années 1960, Morton Bartlett perdit tout intérêt pour ses poupées et les rangea dans de grandes boîtes en compagnie des dessins, photos, vêtements, perruques et colifichets... A sa mort, on ouvrit les placards.
   
   
  Ce travail, fait secrètement, n'a jamais fait l'objet d'aucune exposition personnelle durant sa vie. Les poupées, plus de deux cents tirages photographiques en noir et blanc, des dessins, des costumes, des perruques ainsi qu'un grand nombre de pièces d'argile de mains, de pieds, d'oreilles furent découverts en 1993, un an après la mort de Morton Bartlett, dans sa maison de Boston dans le Massachusetts.


L'orphelin s'était, selon toute vraisemblance, constitué une famille, une famille qui ne mourrait jamais.


   
  Une exposition de ce travail étrange se tenait à Berlin cet été et s'est terminée le 22 septembre 2012.
   
   
   
Morton Bartlett


Hamburger Bahnhof -Museum für gegenwart

Invalidenstrasse 50-51
10557 Berlin
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Portrait de Morton Bartlett en 1932
   

Commentaires

Bonjour, je souhaiterai savoir si je pouvais mettre votre article sur Morton Bartlett dans la description d'une de mes vidéos réalisé sur lui. Même si elle n'est pas beaucoup regardée, je souhaiterai que ceux qui la voie puissent accéder le plus facilement possible aux informations sur sa vie. Merci
Cordialement.
Commentaire n°1 posté par Finarkevenensky le 01/09/2013 à 13h11
Vous pouvez utiliser le texte sans problème mais -comme il est d'usage- en mentionnant son origine.

M.B. was not a crazy man.
Réponse de espace-holbein le 01/09/2013 à 19h19

samedi 27 octobre 2012

Hans BELLMER-Die Puppe

  Hans Bellmer - Die Puppe
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Die Puppe  (1937)  
   
   
   
   
photographies personnelles  
   

Commentaires

si j'avais pu faire un casse à la fiac, c'est une photo de la poupée que j'aurais volée... 
Commentaire n°1 posté par laurence le 28/10/2012 à 15h52
C'est plus facile à voler que la poupée...
Réponse de espace-holbein le 29/10/2012 à 12h18
interpellant et tellement contemporain !
Commentaire n°2 posté par Ch le 28/10/2012 à 23h25

Effectivement, c'est toujours très fort.
Réponse de espace-holbein le 29/10/2012 à 12h19
   

samedi 29 septembre 2012

Joana Vasconcelos, Versailles

Joana Vasconcelos, Versailles
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L'exposition des travaux de Joana Vasconcelos se termine demain. Il aurait fallu avoir le temps d'en parler comme de tant d'autres belles choses vues ces deux derniers mois. Je retiens cette pièce, Golden Walkyries, pour montrer à quel point Joana Vasconcelos sait à la fois exister et intégrer l'espace qui lui est confié (à la différence -peut-être- des artistes qui l'ont précédée). Joana Vasconcelos produit ici une œuvre magistrale qui montre que l'art contemporain peut prendre toute sa place au sein d'une institution des plus classiques. Je me prends maintenant à rêver d'une Joana Vasconcelos à qui l'on proposerait d'occuper la nef du Grand Palais dans le cadre de l'opération Monumenta...
 
 
   
 site
 
Joana Vasconcelos


château de Versailles

19 juin 2012 - 30 septembre 2012
 
   


Commentaires

Monumenta, qui je crois, n'aura plus lieu, pour cause de restriction du budget...
Avez-vous vu Madame Henriette jouant de la viole de gambe? 
Commentaire n°1 posté par Zoé des Zibelines le 30/09/2012 à 00h19
La crise...
Pour ce qui concerne Madame Henriette, j'ai bien tendu l'oreille mais c'est le bruit des crépitements des appareils photo des touristes qui dominait.
Réponse de espace-holbein le 30/09/2012 à 16h13          

dimanche 9 septembre 2012

Laurent Grasso, URANIBORG

Laurent Grasso, URANIBORG
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  À la manière du faucon muni d'une petite caméra et que l'on aura lâché là-haut, tout là-haut, dans l'immense paysage, il sera possible d'imaginer la visite de l'exposition de Laurent Grasso présentée actuellement au Jeu de Paume à Paris. 
           
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Le dresseur de faucon met en place un dispositif strict, utilise un appareillage sophistiqué au sein duquel l'animal est une pièce importante, certes, mais une pièce parmi toutes les autres; les gestes sont précis et donnent la sensation d'avoir été soigneusement intégrés par le rapace. Ce dispositif est une sorte de rituel et dès que l'oiseau est lâché, la caméra montre des images d'une immense liberté faites d'à-coups, de plongeons, de remontées, de piqués, de zigs-zags, de longues vitesses vertigineuses et décline un paysage saccadé, majestueux, parfois habité, fait d'urgences où le désir de  contemplation est immédiatement remis en cause par le plan qui suit. À la lenteur et à la majesté des préparatifs succède la vive intelligence débridée d'un espace dont la vision semble anticiper les reliefs.
           
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Cette rigueur du dispositif nous est imposée dès que l'on pénètre l'espace de l'exposition, fait de longs couloirs sombres et hauts, percés latéralement de fenêtres plus ou moins lumineuses ou croisés, à angle droit, d'autres couloirs, également noirs et étroits, qui mènent à des salles de projection. Ces découpes dans les murs font découvrir des espaces parallèles où sont installés dans la pénombre tantôt des objets mystérieux, souvent précieux (comme des livres rares, des maquettes, des miniatures anciennes ou bien des tableaux), tantôt de longues inscriptions de néon blanc ou parfois même, des projections colorées, tachistes, sibyllines,  placées au ras de notre regard et qui vont s'avérer être des détails de l'envers des films de l'artiste.
           
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  La sensation est que tous ces objets entrent en correspondance, et particulièrement lorsque l'on s'installe et que l'on prend le temps de regarder les courts films qui sont présentés dans les cinq salles de projection.
Le premier de ces films est consacré aux jardins de Bomarzo qui est une petite commune du centre de l'Italie et qui a la particularité d'abriter  le "Parc des Monstres". D'énormes sculptures de pierres taillées directement dans le rocher figurent une série de personnages terribles et gigantesques, le tout perdu dans la végétation. Les surréalistes s'y sont intéressés -comme au désert de Retz, en France- mais également des gens célèbres, des écrivains -comme Henri Pieyre de Mandiargues- des originaux, des cinéastes tel Antonioni qui, sur les lieux,  est tombé gravement malade au moment où il souhaitait y tourner un film ; ce qui ajoute au mystère d'un parc créé à la Renaissance mais dont, à l'époque, on ne fait -a priori- mention nulle part .
           
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La contemplation du ciel sera elle aussi source de mystères. Ainsi, dans la seconde salle de projection, Laurent Grasso montre simplement le vol impressionnant de milliers d'étourneaux, à la fois beaux et inquiétants, qui décrivent des figures majestueuses dans le ciel de Rome. Ces vols d'oiseaux, sur le fond rose orangé du ciel romain, sont filmés à partir des terrasses de la villa Médicis. Les mouvements d'ensemble, très harmonieux, puissants et délicats, semblent à la fois aléatoires et très "chorégraphiés". Autrefois, ces vols d'étourneaux étaient prétextes à des présages. Le ciel est également concerné dans la troisième salle puisque le film qui donne son titre à l'exposition, Uraniborg, tire son nom de la muse de l'astronomie. Un lieu y est désigné : une île située entre la Suède et  le Danemark sur laquelle se trouvait un château aujourd'hui disparu. Ce château muni de dispositifs particuliers était un point d'observation du ciel et ceci avant l'invention de la lunette astronomique.  La figure centrale associée à ce lieu est celle de l'astronome Tycho Brahé qui a passé plus de vingt ans à observer les étoiles et  dont la statue de pierre fixe inexorablement le ciel en lieu et place de son palais disparu.
           
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  Autre histoire de points de vue dans le film The Silent Movie projeté dans une des salles, un peu plus loin : ici, ce sont les côtes de Carthagène qui sont montrées et leur architecture militaire. Des plans larges, grandioses, presque toujours fixes, font état, alternativement, de l'immensité du large et de la présence cachée d'infrastructures de défense se mêlant aux rochers et à la végétation du littoral. Le point de vue sera  défensif (celui de l'assiégé, celui qui protège son territoire et veut dominer visuellement l'ensemble de manière panoptique) mais pourra aussi être celui de l'attaquant, de l'ennemi, de celui qui cherchera à pénétrer dans le territoire à conquérir. Les procédés de dissimulation de cette architecture défensive, de camouflage, vont produire des formes singulières qui parfois prendront leur autonomie grâce au travail de l'artiste. Ainsi, cette maquette en terre, monochrome, sorte de fossile vaguement animal, inspirée d'un bunker véritable collé au flanc du rocher. Cet objet, détaché du contexte, dans sa forme brute quasiment volcanique, abandonne toute référence au temps, à l'échelle, aux usages ; placé dans la pénombre et discrètement éclairé, son reflet sur un plan bleu sombre et brillant lui confère une dimension mystérieuse et le renvoie également à l'immensité de la mer si présente dans le film projeté juste en face.
           
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  Plus loin, au bout de corridors sombres et au gré d'un parcours labyrinthique, des tableaux de facture -apparemment- ancienne  côtoient, sur une autre aile de ce parcours, des pièces manifestement contemporaines comme ces néons qui ponctuent la trajectoire de l'exposition.  
           
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Très bizarrement, des signes dans ces tableaux font référence au travail très contemporain de Laurent Grasso comme ces vols serrés d'oiseaux dans un paysage daté qui rappellent les vols d'étourneaux du film Les Oiseaux de la Rome contemporaine de l'artiste.  Ce qui nous amène à reconsidérer ces tableaux et à nous interroger sur leur date de fabrication. L'artiste, on le constatera, se plaît à brouiller le statut des objets qu'il présente mais  sait jouer également de la temporalité et des usages de ces pièces impeccablement présentées tout au long de cette exposition. Les aller-retours d'un point à un autre, les zigs-zags de notre parcours qui visent à aller vérifier certaines choses, procèdent -évidemment plus calmement- de la vision de ce faucon appareillé. Une certaine paranoïa pourra être éventuellement ressentie par le visiteur lorsqu'il se rendra compte des correspondances troublantes entre les objets, les ambiances décrites dans les films, les traces de l'histoire parfois effacées ou bien , au contraire, soulignées exagérément à l'occasion, par exemple, de la projection discrète d'un film d'actualité d'époque montrant les obsèques du pape Jean-Paul II. Dans ce document, la caméra filme d'autres caméras (de surveillance ?) postées sur le haut de l'architecture de la place Saint-Pierre de Rome. Ce dispositif de surveillance ou d'extrême observation, fait évidemment écho au film The Silent Movie, tourné à Carthagène, qui montre de manière appuyée, inquiétante, une architectutre hostile, défensive, produite au service de la domination intégrale du regard.
           
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Manifestement il existe des parallèles entre tous ces points de vue mis en scène dans la totalité des pièces présentées au Jeu de Paume mais également au delà de ce temps présent et de ce lieu : rappelons-nous seulement l'exposition The Horn Perspective” à l'Espace 315 au Centre Georges Pompidou en 2009 (le prix Marcel Duchamp fut d'ailleurs attribué à Laurent Grasso à cette occasion). L'installation comportait plusieurs éléments (ci-dessous, à droite) dont une grande vidéo décrivant un vol d'oiseaux serrés s'engouffrant bruyamment dans l'allée d'un sous-bois. Le tableau en haut à gauche y fait référence avec les moyens de la peinture la plus  classique.
   
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  De la même manière, une énorme maquette du "Horn" (de près de 9 m de long) trônait au milieu de l'installation. Nous la retrouvons -d'une taille beaucoup plus modeste- au Jeu de Paume (ci-dessus, à gauche). Rappelons que cette sculpture fait écho à l' antenne utilisée par deux radio-astronomes américains en 1964 et avait permis de repérer le fossile sonore du Big Bang. On perçoit, là aussi, une volonté de capter des pratiques ou des phénomènes non visibles ou qui ne le sont plus (comme dans le film Uraniborg montrant le lieu d'expériences scientifiques extraordinaires pour l'époque, mais un lieu perdu, qui a définitivement disparu : le château-observatoire de Tycho Brahé).
           
           
 Et viendra enfin On Air, ce film évoqué plus haut, qui met en scène le point de vue du faucon, sorte de drone des temps anciens. La technique de dressage est ancestrale mais l'appareillage de l'animal emprunte aux technologies nouvelles et là aussi la référence au temps est bouleversée. Mais, comme dans The Silent Movie, les points de vue sont alternés : se succèdent des plans de la scène telle que l'œil humain la verrait, puis d'autres -décrits plus haut- du vol de l'oiseau de proie. Le regard du prédateur, doublé de celui de l'espion, se  retrouveront dans les deux films.
Cette idée de l'observation, tantôt dirigée, tantôt aléatoire, semble constituer un axe fort du dispositif général de l'exposition Uraniborg. Le regard n'est pas neutre  : il est là pour perturber, créer de l'ambiguïté, produire de la confusion. Ce trouble est provoqué par des associations subtiles où le jugement et les sensations du spectateur sont sollicités. L'art est affaire d'environnement, d'expérience, nous suggère Laurent Grasso. À l'heure où tant d'expositions nous éclairent trop précisément sur la nature de ce que l'on doit voir, cet artiste a le mérite de laisser le champ libre, tout en provoquant notre curiosité. À ce titre, la trajectoire du faucon pourra se révéler féconde.
           
           
           
           
           
Laurent Grasso, URANIBORG
Jeu de paume, 1, place de la Concorde, Paris 8e

du 22 mai au 23 septembre 2012

www.jeudepaume.org.