mardi 5 décembre 2006

Le Cabinet du Docteur Caligari 3.

Le Cabinet du Docteur Caligari
ombres
 Les qualités et le succès d'un film comme Le Cabinet du Docteur Caligari ne peuvent pas se réduire à l'excellence d'un décor. Il serait intéressant d'envisager ce qui fait la singularité et l'efficacité d'un film expressionniste et de toute évidence, le jeu de l'acteur y prend une part importante.
  
 Robert Wiene, le réalisateur (1881-1938) fut acteur et metteur en scène au théâtre.  Le théâtre a été une composante importante dans ce qui fit ce fameux jeu de l'acteur du film expressionniste. Ce jeu se caractérise par les excès, l'exagération, la concision des gestes qui sont souvent saccadés (le déplacement est mécanique, un peu à la manière des pantins et on en a un merveilleux exemple à l'occasion de la scène du réveil de Cesare). C
omme dans les décors, rien n'est naturel. L'émotion est amplifiée et l'acteur tient à en faire la démonstration : son corps est tordu, souvent de biais, son visage également se vrille (Fritz Kortner dans Le Montreur d'ombres, déjà évoqué), la bouche se tord, le blanc des yeux, que le maquillage noir et outrancier accuse, envahit l'orbite (toujours le fameux Fritz Kortner, ici dans Hintertreppe (1921), les gestes sont extravertis à tel point que les bras semblent parfois s'allonger comme s'ils se détachaient du corps (Nosferatu de Murnau).

Et puis les mains qui tiennent une place si importante dans ces films expressionnistes : elles sont systématiquement crochues, comme des serres et les ombres qui les dédoublent ou les prolongent leur confèrent une autonomie inquiétante au plus haut point (voir les mains de Werner Krauss dans  le photogramme ci-dessus). Le Nosferatu en est une fois encore, un bel exemple. Les mains iront jusqu'à  occuper la vedette d'un film intitulé Les mains d'Orlac (Orlacs Hände, de 1924 du même Robert Wiene, avec Conrad Veidt dans le rôle titre et Fritz Kortner) racontant l'inquiétante histoire d'un pianiste qui a eu les mains coupées, et à qui l'on a greffé les mains d'un assassin ; à la suite de cette opération il va voir les crimes se multipler autour de lui. Orlac se demandera alors s'il n'a pas, à son insu, hérité des penchants du criminel*.



 Lecteur, il y aurait encore tant de choses à dire. Il va falloir choisir...donc je te raconte pas tout. On verra demain (peut-être).
 *séance à la cinémathèque :  Les mains d'Orlac Samedi 30 Décembre 2006 - 17h30 - SALLE GEORGES FRANJU -séance à la cinémathèque :LE CABINET DU DOCTEUR CALIGARI ,  Samedi 16 Décembre 2006-19h00 -SALLE HENRI LANGLOIS -
illustrations : photogrammes des films

Voir l'exposition à la  Cinémathèque française (Paris), 
Le cinéma expressionniste allemand, splendeurs d'une collection

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire