samedi 28 août 2010

Le chien d'Alcibiade

Le chien d'Alcibiade
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Jean-Léon Gérôme (1824-1904), 
Socrate allant chercher Alcibiade dans la maison d'Aspasie, huile sur toile,1861, 61x97,5cm,
collection privée, New York
 
 
 
«Dans le livre qu'elle a consacré à Alcibiade, homme d'Etat et général athénien qui fut au centre de la vie politique de la fin du Ve siècle avant J.-C. (Editions de Fallois, 1995), Jacqueline de Romilly rapporte cette anecdote : "Alcibiade possédait un chien de grande valeur et lui coupa la queue qu'il avait fort belle. Stupeur et réprobation ! Mais il est ravi : "C'est justement ce que je veux", dit-il. "Je veux que les Athéniens bavardent à ce sujet"."
"Pourquoi ?", s'interroge l'historienne. "Parce qu'il aime que l'on parle de lui ? Parce qu'il aime attirer l'attention ? Bien entendu, mais pas seulement ! Alcibiade a toujours un plan en tête, et toujours aussi quelque chose à faire oublier ; et il complète : "Je souhaite que les Athéniens bavardent à ce sujet afin qu'ils ne disent rien de pis sur mon compte.""
Quand on songe à la séquence de l'été, (...) ».
Suite de l'article de Françoise Fressoz paru dans le quotidien Le Monde dans l'édition du 28/08/10.  
 
 
Il va sans dire que n'étant pas particulièrement enthousiaste quand il m'arrive de croiser une peinture de Jean-Léon Gérôme, je me devais quand même de signaler -avec un poil d'avance- qu'une grande folie va s'emparer des visiteurs d'expositions  mi-octobre : le Musée d'Orsay s'apprête en effet à ouvrir les portes d'une grande exposition Gérôme le 19 octobre 2010  ! (fermeture annoncée le 23 janvier 2011).

Bon, t'as remarqué, lecteur, qu'il s'agit bien d'un article consacré à la peinture...
 
Alcibiade ou les dangers de l'ambition Jacqueline de Romilly

Commentaires

Tirer l'Alcidiable par la queue.
Commentaire n°1 posté par Gilbert Pinna le 28/08/2010 à 22h54
Le diable est en effet dans les détails.
Commentaire n°2 posté par espace-holbein le 29/08/2010 à 07h58
L'on connait maintenant l'Alcibiade contemporain…
Qui est donc notre Diable contemporain?
Commentaire n°3 posté par TG le 29/08/2010 à 12h46
Cherchons, ça va occuper (lui nous a déjà trouvés).
Commentaire n°4 posté par espace-holbein le 29/08/2010 à 13h25
 
 
 
 
 
 


vendredi 27 août 2010

Rudolf STINGEL, Neue Nationalgalerie

  Rudolf STINGEL, Neue Nationalgalerie
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Le 22 août s'est terminée  l'exposition de Rudolf Stingel. C'était à la Neue Nationalgalerie à Berlin.  Cette exposition qui devait fermer ses portes en mai a eu tellement de succès qu'elle a été prolongée jusqu'à la fin de la  semaine dernière. Elle occupait deux niveaux du célèbre bâtiment de la Neue Nationalgalerie édifié par Mies van der Rohe. Rudolf Stingel a installé une immense moquette recouvrant l'intégralité du sol du hall de verre. Le motif qu'il a fait réaliser reprend celui d'un tapis du XIXe siècle  de la ville indienne d'Agra. Choix du noir et blanc.  Ce motif a été agrandi ce qui provoque un effet de flou.  Un acte d'expansion, une sorte de "all-over". Au dessus était accroché un  gigantesque lustre en cristal.
A l'étage inférieur, quatre grandes peintures (3,35 x 4,40m), de type hyperréaliste, également en noir et blanc, pendaient aux cimaises. Quatre paysages de montagne. Les trois premiers (1 : en voici un) ont comme modèles des clichés du père de l'artiste montrant l'endroit où ils sont nés : Merano,  une petite ville qui se situe à  la frontière entre l'Italie et l'Autriche. Le quatrième  (2) est né d'un modèle issu d'un autre contexte : il s'agit d'une photo qui a appartenu à l'artiste peintre Ernst-Ludwig Kirchner et qui montre le point de vue de la petite cabane où il se suicida en 1938.
Cette œuvre a été commandée spécialement à Rudolf Stingel pour la Neue Nationalgalerie  et pour la circonstance, comme la Neue l'avait fait précédemment à Thomas Demand.
Rudolf Stingel, né en 1956, est un artiste très particulier, une personnalité assez étonnante. Cette œuvre «Rudolf Stingel, LIVE» semble habitée d'une ironie respectueuse. Elle évoque une salle de bal avec son faste, fait penser à ces moquettes d'hôtel avec leurs motifs déclinés à l'envi, selon le faste de l'établissement ;  et cette démarche  met surtout l'accent sur le décoratif. La préoccupation est malgré les apparences habitée par la peinture. Et la peinture souvent liée à l'expansion. Le romantisme n'est jamais loin.  Stingel est passé par une étape constituée d'une série d'autoportraits (3) très impressionnants que l'on pourrait qualifier d'hyperréalistes, peints en noir et blanc et de grande taille,  qui le présentaient sous un jour mélancolique ou réflexif, entretenant ainsi le mythe de l'artiste (noter, à ce propos,  dans l'autoportrait présenté plus haut, l'écho fait au Christ mort de Mantegna).
Dans un article sur l'artiste du magazine Artpress daté du mois de septembre, Massimiliano  Gioni écrit que «l'œuvre de Stingel contient l'obstination et la pureté de la peinture conceptuelle -on ne peut s'empêcher de penser à Daniel Buren ou à Niele Toroni devant certaines de ses premières œuvres. Mais (qu')elle recèle également une sensualité qui fait exploser la matière au premier plan»*.  .
   
   
   
   
   
1 : peinture de R.Stingel  Ohne Titel, 2009 (source)  
2 : peinture de R.Stingel Staffelalp (nach Ernst Ludwig K.), 2008 (source)  
3 : peinture de R.Stingel After Sam , 2005-2006  
   
* Artpress N°370 (septembre 2010, p48  
   
Neue Nationalgalerie, vernissage  
   
Vidéo d'une exposition de R.Stingel au Withney Museum, 2007
   
   
http://www.rudolfstingel.org  
   
   
   
  "Rudolf Stingel: LIVE"  

Jusqu'au 22 août 2010,
Neue Nationalgalerie, Berlin
 
   
   
   
   

mardi 24 août 2010

Daniel KNIPPING, Pallasseum-Berlin

 Daniel KNIPPING, Pallasseum-Berlin
pal2 300 Traversée de Berlin. Dans le quartier de Schöneberg-Nord, se dresse tout d'un coup un énorme immeuble en forme de L, une espèce de Cité Radieuse à la Le Corbusier dont un des membres enjambe la rue tout en absorbant dans le corps même de sa structure un vrai bunker. C'est une construction réalisée en 1977 par l'architecte Jürgen Sawade. Le quartier est populaire et cet immeuble a eu longtemps mauvaise réputation.  Situé sur la Pallasstraße, près de la Postdamerstraße, il était appelé familièrement le "Sozialpalast" et était fréquenté par les junkies et les trafiquants de drogue. Les années ont passé et un travail exemplaire de reconquête de ce quartier et particulièrement de cette unité d'habitation a été faite  par la ville de Berlin et les associations très implantées sur les lieux, relayées par les habitants eux-mêmes. Et le résultat est que les problèmes ont disparu et que cet endroit jouit aujourd'hui d'une image très positive.
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Les locataires sont très impliqués dans la gestion du lieu. En 2001, après consultation des habitants, et dans une perspective de réhabilitation de cet ensemble d'habitations,  cette construction sera  rebaptisée le Pallasseum. Elle comprend 514 appartements et abrite 1500 personnes originaires de plus de 40 pays.
 
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Dans le cadre de cette politique à la fois sociale et culturelle extrêmement volontariste, une des initiatives d'ampleur parmi les plus récentes est due à un  artiste de trente quatre ans, Daniel Knipping. Cet artiste originaire du sud de l'Allemagne a une formation d'art-thérapeuthe et est également photographe indépendant. Lors de la visite en 2006 d'un foyer de demandeurs d'asile, il remarque l'importance des antennes paraboliques qui ponctuent la façade du bâtiment.  Le phénomène n'a évidemment rien d'étonnant : les populations hébergées sont étrangères et l'antenne parabolique est le lien qui les relie à chacun des pays d'origine et à sa culture. Quelques temps après Knipping découvre le Pallasseum à Berlin. Ces disques blancs et ronds, tous orientés dans la même direction, couvrent la façade de l'impressionnante construction. L'idée d'une installation à l'échelle du bâtiment naît. Il va faire des démarches, entrer en relation avec les associations sur place -qui vont s'enthousiasmer pour le projet- et les habitants, et va finalement obtenir une subvention qui lui permettra de lancer ce travail intitulé  "Von Innen nach Außen". (Du dedans au dehors) .
           
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La démarche consiste à rencontrer chaque locataire détenteur d'une de ces antennes et à lui demander de proposer une image  renvoyant à ses goûts, son identité, à ce qui caractériserait son existence ou qui ferait référence à quelque chose d'important ou d'essentiel dans sa vie. Je ne connais pas la formulation exacte de la demande de l'artiste mais en observant les images, on peut supposer quelque chose de cet ordre. Ensuite, Daniel Knipping en fait photographiquement un agrandissement de qualité suffisante puis va faire imprimer sur une bache résistante l'image -arrondie au format du plateau de l'antenne-  , qui lui aura été confiée. Il restera à tendre cette impression ronde -munie de languettes et d'agrafes- sur l'antenne fixée au balcon correspondant à son propriétaire. Même si le «çay» (thé turc, 17) a eu un certain succès, les résultats sont assez variés : des paysages, des enfants, des animaux plus ou moins familiers (le tigre pour un locataire Sri Lankais, 4),  des poupées, des photos de famille, des portraits de jeunesse mais également des fleurs et des écussons de l'équipe de football mais aussi le drapeau de la DDR (ancienne Allemagne de l'est) ou bien encore un Deutschmark agrandi (14 ), etc...
           
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Il semble que rien n'ait été simple et qu'un certain nombre de résistances aient animé ces détenteurs d'antennes. En premier lieu, du fait qu'un écran baché devait recouvrir leur antenne, beaucoup se sont inquiétés du risque d'affaiblissement  de la réception de ces chaînes de télévisions lointaines. Afin de convaincre les réticents, l'équipe de Daniel Knipping a dû organiser des séances à partir de vraies antennes déjà bachées. On peut supposer  également que des refus soient liés au rapport que certaines cultures entretiennent à l'image en général et à la leur en particulier. Le constat est que cette initiative est un succès. L'idée est née  courant 2006 et en juin 2010 on a procédé à l'inauguration officielle de installation qui va bien au-delà d'une œuvre artistique. Actuellement 80 antennes ont été décorées et un certain nombre de résidents continuent à demander de participer  à un phénomène qui a été médiatisé.
           
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Les problèmes techniques ont été résolus, notamment la résistance des images à la lumière et aux intempéries (la neige de l'hiver dernier a constitué un bon test...). Daniel Knipping explique que ce qui a motivé son intérêt dans cette démarche artistique -au delà du fait d'une intime collaboration avec les résidents- est qu'il a procédé à une inversion des pratiques. En effet, ces antennes sont des instruments de réception qui ont été converties en émetteurs : «Je me demande ce qui se passe si vous envoyez une image vers l'extérieur» déclare-t-il. Le récepteur (anonyme et blanc) devient émetteur (actif, personnalisé et le plus souvent coloré). Et en effet, derrière chaque image se cache une histoire lancée aux yeux du monde.
           
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"Von Innen nach Außen", Daniel Knipping
           
           
           
photos extraites du site de Daniel Knipping  : 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13. 

photo extraite du blog Hauptstadtblog.de (Claudia Thomas) : 14


photos personnelles : 1, 2, 15, 16, 17. 

photo de.wikipedia : 3,

photo commons-wikimedia : lien-texte N°1

photos extraites du site schoeneberger-norden.de  (photos : wolk) : liens-texte N° 3 et N°4


photo extraite de la plaquette de Daniel Knipping : lien-texte N°2

vidéo personnelle : 18

vidéo TV Berlin : 19
           
           
           

Commentaires

Une idée simple et belle.
Commentaire n°1 posté par PhA le 25/08/2010 à 10h40
C'est vrai. Généreuse, également.
Commentaire n°2 posté par espace-holbein le 26/08/2010 à 10h16
           

jeudi 19 août 2010

Zoo

Zoo
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Dialogue au zoo de Berlin
 

(Le singe est en train de lire Der Stürmer, un journal antisémite)
Le singe : Je lis dans le journal qu'il y a des gens qui pensent que les Juifs sont des animaux (etc.). Est-ce que ça veut dire qu'ils vont bientôt les mettre au zoo avec nous ?
Le marabout : Penses-tu! Les Juifs, on va les mettre sur le clocher des églises. C'est plus intelligent!
Le singe : Mais dis-moi pourquoi.
Le marabout : Parce que les Juifs, c'est ce qu'on fait de mieux comme paratonnerre.
 
 John HEARTFIELD (1891-1968) - 1934
 
 
  John Heartfield
 
 
Zoo de Vincennes, 2010 : remplacer "Juifs" par "Roms". Pour le nom du journal, c'est vous qui choisissez (ça peut  aussi être une chaîne de télévision).

Commentaires

Couleur de Fumée, une épopée tzigane par Menyhért Lakatos, pour laisser passer la foudre et refuser !
Commentaire n°1 posté par Ch le 23/08/2010 à 00h39
Belle image, très belle image couleur de fumée.  S'en imprégner.
Commentaire n°2 posté par espace-holbein le 24/08/2010 à 17h10
 
 
 

mercredi 18 août 2010