David Nebreda représentations de la folie, de l'écart, du dérèglement |
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Chez vous il n'y a pas de trucage !
Non, et c'est un point fondamental. Tout ce que l'on voit est ce que l'on voit. Mon activité est très simple. Je n'ai pas besoin d'interprétation. Le sang est mon sang, les excréments sont mes excréments, les photographies sont des photographies directes non manipulées, même la peur ou l'isolement sont une peur et un isolement sans nuances. La convention de pathologie mentale est une convention réelle, si on l'accepte, elle n'a pas besoin non plus d'interprétation * |
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David Nebreda est cet artiste espagnol qui produit une œuvre à la fois d'écriture et de photographie. Et ses photographies, s'il vous est arrivé d'en voir, vous ne pouvez pas les oublier. L'individu met en scène son corps. Il parle de lui à la troisième personne du singulier. Et pour ce qui est de la singularité, c'est quelqu'un d'extra-ordinaire. Cet artiste n'est pas dans la représentation mais bien dans la présentation : un corps cadavérique, couvert de stigmates, de plaies, de sang, un corps souffrant fait d'auto lacérations, d'auto mutilations qui s'étale généreusement dans toute sa gloire et dans tout son pouvoir ; un pouvoir capable de générer autant l'excécration que la fascination.
Au premier abord, les photographies de David Nebreda renvoient tous les signes d'une folie extrême ; s'il était encore besoin de nous convaincre du contraire, rappelons que Nebreda a séjourné dans des hôpitaux psychiatriques à différentes reprises. Mais à la lecture des textes qu'il écrit et qui accompagnent ces photographies, nous sommes frappés par la rigueur, la finesse de la pensée et par la culture de l'artiste ; ce qui nous entraîne à considérer ses photographies assez différemment.
Il y a quelques mois, j'avais déjà eu l'occasion de consacrer un billet à un portrait de David Nebreda en m'interrogeant sur les limites de l'autoportrait ; il s'agissait d'un autoportrait-tabou, dans lequel le visage avait disparu, un autoportrait sans tête réellement apparente comme si ces manifestations photographiques de la folie devaient se doubler d'une sorte de décollation, au moins symbolique. Je m'aperçois que dans cet autoportait d'aujourd'hui, la tête a encore disparu...
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photographie :Série autoretratos, "Après huit séances d'incisions sur la poitrine et les épaules, il atteint à une certaine tranquillité, l'hommage et le tribut étant alors accomplis" 29 juillet 1989 ©David Nebreda extrait de David Nebreda et le double photographique, article Art Press N° 255 de mars 2000, p 53 * texte : entretien David Nebreda avec Catherine Millet, même article p 54 |
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