Bruce Nauman, «Dream Passage»-Hamburger Bahnhof | |||||
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Première rétrospective Bruce Nauman à Berlin. Nauman, artiste américain né en 1941, est quelqu'un qu'on ne présente plus ; on trouvera facilement des monographies le concernant ainsi que des analyses de son œuvre. Il fait partie des figures importantes de l'art contemporain et continue à être une référence constante. La variété des médiums qu'il utlise depuis le début des années 60 (sculpture, film, vidéo, néon, installation, œuvres vocales, performance, photographie, dessin, etc.) ainsi que la diversité de ses approches, tout ceci a contribué à faire de cet artiste une figure extrêmement présente dans le paysage de la création contemporaine. | |||||
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La magnifique Hamburger Bahnhof organise donc cette rétrospective Bruce Nauman et cet espace permet de montrer le travail -déjà connu- de l'artiste dans d'excellentes conditions. Le visiteur, en pénétrant dans le vaste et lumineux hall d'entrée, longe l'immense inscription-titre de l'exposition : "Dream Passage" (5) puis va découvrir les différentes pièces (2, 3, 4, 6, etc.) comme autant d'objets de circulation et d'expériences sensorielles. | |||||
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On reconnaîtra, notamment, plusieurs exemples historiques de l'intérêt porté aux "corridors" par l'artiste -comme Corridor Installation (Nick Wilder Installation) au centre de l'exposition dans laquelle la caméra qui filme le spectateur joue un rôle dominant-, ainsi que sa passion pour les espaces paradoxaux ; par exemple Elliptic space (6, 7) , espace dans lequel on s'introduit, où l'on s'enferme, et qui s'amenuise au fur et à mesure qu'on le parcourt ; ou bien encore cet autre (12) qui nous plonge dans une intense lumière verte , modifiant, pour un temps, la perception des couleurs après en être sortis. | |||||
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On y (re)verra les néons (8, 9, 10, 11) qui mettent en scène de façon à la fois dynamique, provocante, drôle et tragique les rapports qui existent entre la mort, la violence, le sexe, la guerre ; toutes ces pièces que l'on a eu l'occasion de rencontrer dans les expositions partout dans le monde. | |||||
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La seule découverte, peut-être, est une installation de grande taille intitulée Room with My Soul Left Out, Room That Does Not Care de 1984 (13, 14, 15, 16). Bruce Nauman tente de nous faire partager de manière sensorielle un de ses rêves. Il s'agit là, également, d'un parcours qui nous plonge dans l'ombre et le feu. Cette pièce est une donation du collectionneur Friedrich Christian Flick et elle occupe dorénavant une place définitive dans un des espaces du Rieckhallen. De ce côté, d'ailleurs, et dans le cadre de la présentation de la collection Flick, un certain nombre d'œuvres de Bruce Nauman sont présentées face à celles d'artistes de sa génération comme Robert Morris Richard Serra ou Paul McCarthy par exemple. | |||||
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On trouvera un compte rendu tout à fait honnête de cette exposition sur le blog "En toutes subjectivités". Le travail de Bruce Nauman y est
présenté de manière très positive. Néanmoins, la lecture d'un des commentaires de cet article sur ce blog, m'a amené à réfléchir sur la place historique de l'artiste. Ce commentaire
aigre, hostile -et teinté d'une certaine rancoeur- se termine de la manière suivante : « En fait cette expo, comme toutes celles sur l'art de cette époque, pose
principalement la question de savoir pourquoi ces fumisteries pleines de vacuité, (sic) qui avaient leur justification du temps de Duchamp, où il s'agissait de résister aux
académies et à l'art officiel, sont devenues l'art académique de maintenant, subventionnées à milliards par des organismes officiels. Le magnétophone coulé dans le béton est une blague de potache,
le poser tout seul au milieu d'une salle immaculée de 25m sous plafond ne lui donne pas plus de corps... On passe devant en se disant ah oui tiens, hahaha c'est rigolo, et on est
consterné du discours digne d'une thèse de grandiloquence qui accompagne cette mini-idée. La bonne manière de protester contre cette enflure artificielle, si l'on n'est pas d'humeur à
faire soi-même des oeuvres plus belles, plus émouvantes, plus spectaculaires, plus efficaces, plus originales, bref plus artistiques, c'est de boycotter cette (ces) exposition(s) sans
intérêt.»
Oublions l'agressivité du propos, mettons entre parenthèses le fait que des «fumisteries» (sic) puissent trouver une justification de la part de l'auteur de ce commentaire, passons vite sur les clichés sempiternellement ressassés par les contempteurs de l'art contemporain (la valeur marchande, le n'importe quoi, etc.) et tentons de nous interroger sur certains points qui font que l'on continue à parler de cet artiste. Plusieurs questions se posent : -Bruce Nauman est-il le symptôme (nécessaire ?) d'une époque succédant à celle de Marcel Duchamp ? -Qu'en est-il des académismes aujourd'hui ? (voir les textes de Nathalie Heinich) -Les conditions de présentation de l'œuvre d'un artiste ne masquent-elles pas la nature de cet œuvre ? (ici la présentation est somptueuse ce qui n'exclut pas de s'interroger sur la part réellement artistique de l'œuvre de cet artiste). Bruce Nauman, en contribuant à la modification du paysage artistique de son époque, aura au moins le mérite de nous faire réfléchir sur les définitions possibles de ce que peut être une œuvre d'art, que l'on apprécie ou non l'œuvre de cet artiste. |
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références | |||||
quelques œuvres de l'exposition | |||||
Bruce Nauman
Hamburger Bahnhof, Berlin jusqu'au 10 octobre 2010 |
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