lundi 19 décembre 2011

Fichés? Archives-2011

 
Fichés ? Archives nationales-2011 
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P       M       G


Tous fichés ? Bien entendu, nous avons tous  entendu parler du  système Bertillon, du nom de son inventeur, Alphonse Bertillon, qui était au début de sa carrière  un simple commis auxiliaire aux écritures à la Préfecture de police. Mais en 1879 il va mettre en place  un nouveau système de classement des fiches signalétiques des prévenus. Son invention, fondée sur l'identité anthropométrique, va être officiellement adoptée par la police en 1883. Féru de statistiques, Bertillon pose le postulat selon lequel tout ce qui se mesure peut être divisé en 3 catégories :
PETIT    MOYEN    GRAND
Ainsi, les hommes grands, dont la taille dépasse la moyenne, sont aussi nombreux que les hommes petits. Au sein des hommes de grande taille, la mesure de l'envergure va distinguer 3 sous-groupes :
           
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Petite envergure Moyenne envergure Grande envergure
           
1 les hommes de grande taille
     et de petite envergure
2 les hommes de grande taille
     et de moyenne envergure
3 les hommes de grande taille
     et de grande envergure
           
...et ainsi de suite avec la longueur du pied, celle de la coudée, la taille, chaque mesure osseuse donne lieu à l'établissement de 3 catégories. Selon Bertillon, l'anthropométrie est la seule méthode fiable pour repérer les récidivistes.
           
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Chaque jour les individus arrêtés (les prévenus) sont emmenés au dépôt de la préfecture de police. Une fiche est établie. Combinés à l'usage de la photographie judiciaire et à l'emploi d'un vocabulaire normalisé pour décrire les individus, l'élaboration et le classement anthropométrique des fiches constituent ce qu'on a appelé le «système Bertillon». Et c'est donc dans le classement des fiches anthropométriques que réside toute l'efficacité de ce système adopté par de nombreuses polices dans le monde.
           
           
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Le protocole de prise de vue est rationalisé. La reconstitution du «studio» est présentée dans l'exposition ainsi que des photographies d'époque (on remarquera, notamment, la chaise mobile, en fonte, spécialement créée pour les photographies -face/profil- anthropométriques).
           
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Et voici que l'on se retrouve face à un immense meuble présentoir de panneaux de portraits anthropométriques sur plaques de verre -ci-dessus- et l'on se prend à se chercher des ressemblances dans un catalogue d'oreilles... Avec mon mètre 87 et ma difficulté à me trouver des vêtements aux manches suffisamment longues, mon envergure me classerait irrémédiablement dans les G (3ème sous-ensemble). Bon, arrêtons ça ! Cette classification recèle quelque chose de redoutable. Les dérives n'ont pas manqué d'apparaître et l'anthropométrie a fort heureusement fini par disparaître.
           
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Certaines fiches attirent l'attention car des noms sont restés célèbres : celui de l'assassin Landru ou bien encore  celui de Jules Bonnot de la bande éponyme. C'est la fameuse époque des Brigades du Tigre créées par Clémenceau. On y verra aussi Gustave Courbet pour sa participation à la Commune ou bien encore Zola recherché par la police lors de l'affaire Dreyfus.
           
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D'autres fiches encore vont faire état de femmes légères, de consommateurs d'opium ou de cocaïne, de proxénétisme, de déviances ou bien d'avortement. La liste est vertigineuse.  
           
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Au terme d'un parcours d'une heure et demie je m'aperçois que je n'ai visité que la première partie. Il est midi trente et le musée ferme. Tout est si dense. On se laisse prendre dans un tourbillon de curiosités ; par exemple ce livre ajouré, ci-dessus, 
 
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...ou bien ces planches de dirigeants syndicalistes faites à partir de photographies extraites de coupures de presse, y compris celle du chien... Ou celle encore d'un cadavre (victime de Jules Bonnot) photographié par la police à la manière quasi scientifique d'un fiché vivant, en face/profil.
 
Heureusement, peu de monde ; nous étions trois je crois, ce matin : une jeune fille qui butinait d'une vitrine à l'autre et un homme âgé qui reniflait...
Je reviendrai voir la suite un autre jour.
           
           
           
           
Fichés ? Photographie et identification du Second Empire aux années 1960

Musée des Archives nationales
Hôtel de Soubise, 60 rue des Francs-Bourgeois - 75003 Paris

Du 28 septembre au 23 janvier 2012

exposition
           
           
           
Le contenu de cet article est largement emprunté au petit fascicule offert à l'entrée de l'expostion (très complet, extrêmement bien fait) ainsi qu'aux documents vidéo projetés dans l'exposition.


Photographies personnelles exceptées les six petites vignettes de l'avant-dernier registre : photos appartenant au site du musée des Archives nationales.
           
           
           
           
           

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