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Morton Bartlett
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Morton Bartlett était américain et est né en 1909. On sait assez peu de choses à son sujet si ce n'est qu'il
vivait seul et qu'il fut orphelin à l'âge de huit ans. Lorsqu'il mourut, en 1992, on retrouva chez lui de grandes boîtes faites de bois renfermant des poupées de la taille d'un enfant
ainsi que des petits vêtements, des effets, des dessins et des photographies les mettant en scène.
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Bartlett entreprend des études à Harvard en 1929/30 mais il arrête très vite. Il devient alors photographe
commercial mais il est contraint d'abandonner pour des raisons de santé liées au travail de labo. Suit une série de petits métiers : gérant de station d'essence, vendeur de meubles,
créateur de cadeaux... Toutefois, il parvient à s'installer comme graphiste free-lance et monte une agence. Mais ce n'est pas en tant que graphiste qu'il laissera un nom.
Parallèlement à son travail, et ceci sur une période d'une trentaine d'années, Morton Bartlett va développer une œuvre personnelle, secrète, étrange, complexe qu'il entame en 1936 et
au centre de laquelle figurent une quinzaine de poupées à mi-taille humaine, douze filles et trois garçons. Le projet qu'il visait était insensé : son intention était de rendre ses
créatures aussi vivantes que possible. C'est en ce sens qu'il entreprit d'étudier scrupuleusement l'anatomie ainsi que l'histoire du vêtement.
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Ce projet l'a conduit à apprendre la couture, à travailler l'argile et d'autres choses encore. Chaque tête,
chaque expression, lui prenait semble-t-il une cinquantaine d'heures. Une poupée pouvait avoir plusieurs visages.
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Chacune pouvait être démembrée et recevoir différents bras, différentes jambes ainsi qu' une variété de
têtes; ce qui permettait de les assembler de différentes manières et selon différentes poses.
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Bartlett n'était pas intéressé uniquement par le processus de fabrication de ses poupées mais voulait leur
donner une allure, leur insuffler la vie. Les postures, les grimaces, les poses maladroites, naturelles, amusées, aguicheuses, lui servaient à construire ce double de la vie. Il
installait ces petites personnes dans un lit, en train de lire, sur un fauteuil ou bien installées à la table de la cuisine ou bien encore occupées tout simplement à jouer. Les éclairages
étaient étudiés, composés, mimant la lumière quotidienne des jours qui passent et se ressemblent. Sans drame.
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Sans drame, sans heurt. Un certain nombre de photographies existent, y compris celles de réserves,
soigneusement mises en scènes. Et puis des dessins délicats, très doux, très classiques dans leur facture, faits sur un papier qui a jauni.
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Sans drame, sans violence. Et puis aussi la fantaisie d'un jeu de mains, d'un jeu de jambes un peu gauche
ou inélégant, d'une grimace, d'un regard ou d'un vêtement mal ajusté.
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Sans perversité apparente, non plus. L'enfance mise en scène ici n'est pas nécessairement érotisée même si elle
semble destinée à combler un manque. Après tout, de grands artistes ont aussi fabriqué des poupées : Hans Bellmer, Edgar Degas, Jake et Dinos Chapman (même si on n'est pas ici dans
la même catégorie).
Dans le milieu des années 1960, Morton Bartlett perdit tout intérêt pour ses poupées et les rangea dans de
grandes boîtes en compagnie des dessins, photos, vêtements, perruques et colifichets... A sa mort, on ouvrit les placards.
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Ce travail, fait secrètement, n'a jamais fait l'objet d'aucune exposition personnelle durant sa vie. Les
poupées, plus de deux cents tirages photographiques en noir et blanc, des dessins, des costumes, des perruques ainsi qu'un grand nombre de pièces d'argile de mains, de pieds, d'oreilles
furent découverts en 1993, un an après la mort de Morton Bartlett, dans sa maison de Boston dans le Massachusetts.
L'orphelin s'était, selon toute vraisemblance, constitué une famille, une famille qui ne mourrait
jamais.
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Une exposition de ce travail étrange se tenait à Berlin cet été et s'est terminée le 22 septembre
2012.
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Morton Bartlett
Hamburger Bahnhof -Museum für gegenwart
Invalidenstrasse 50-51
10557 Berlin
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Portrait de Morton Bartlett en 1932
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