Une ontologie de l'image |
©Thomas Hoepker,
USA, Brooklyn, New York, September 11, 2001 |
Le grand défaut de la critique contemporaine des images consiste à vouloir se prononcer sur une ontologie de l'image. J'oserais dire que, par définition -parce que l'image est d'abord l'image de quelque chose d'autre-, il ne peut pas y avoir d'ontologie de l'image. On ne peut pas dire : l'image c'est ceci ou c'est cela. On peut seulement dire : cette image travaille comme ceci ou comme cela, se transforme comme ceci ou comme cela. Il y a notamment, aujourd'hui, un débat complètement stérile sur la photographie lorsqu'on se chamaille pour savoir si elle "dit la vérité" (position de confiance phénoménologique issue du fameux "ça a été" de Roland Barthes dans La Chambre claire), ou bien si elle "ment" unilatéralement (position de méfiance sémiologique, issue du même Roland Barthes et de ses critiques de l'"effet de réel" ou de la "surconstruction" des photos de presse dans Mythologies). |
Georges DIDI-HUBERMAN
L'expérience des images
Umberto Eco - Marc Augé - Georges Didi-Huberman
(les entretiens de MédiaMorphose, coordination scientifique : Frédéric Lambert)
INA Éditions 2011, p103
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Commentaires
Ça me fait penser à une réflexion sur l'objectivité du sens en littérature (je crois que c'était dans un livre de François Rastier) dont je dois me souvenir plus que je n'en ai conscience puisqu'elle me traverse encore assez souvent à l'occasion.
Commentaire n°1 posté par PhA le 02/02/2013 à 20h37
Ça me fait penser à une réflexion sur l'objectivité du sens en littérature (je crois que c'était dans un livre de François Rastier) dont je dois me souvenir plus que je n'en ai conscience puisqu'elle me traverse encore assez souvent à l'occasion.
Commentaire n°2 posté par PhA le 02/02/2013 à 20h38
Le problème de la 'vérité' des images continue à embarrasser les débats. Georges Didi-Huberman est clair là-dessus et effectivement ce type de réflexion doit entrer en résonance avec des débats similaires dans le champ littéraire.
Réponse de espace-holbein le 03/02/2013 à 12h10
Embarrasser... ou séduire. Pour ma part, le vrai du faux, la fiction ou le mensonge, l'art ou le documentaire, toutes les frontières poreuses, c'est ce que je préfère. Et la photo plus qu'aucun autre medium, à cause de cet entre-deux...
Commentaire n°3 posté par laurence le 07/03/2013 à 00h03
(supplément) Mais cette remarque n'enlève évidemment rien aux propos de Didi-H., très justes, as usual...
Commentaire n°4 posté par laurence le 07/03/2013 à 00h06
D'accord pour les frontières poreuses, évidemment; mais cette 'vérité' associée si régulièrement aux démonstrations liées à la photographie, pfff, pfff, pfff...
Réponse de espace-holbein le 12/03/2013 à 14h17
ben oui, mais tant que les gens croiront à la vérité de la photo, il faudra rappeler qu'elle n'existe pas... et on pourra continuer à jouer avec cette idée
Commentaire n°5 posté par laurence le 12/03/2013 à 14h41
...et on aura toujours de la boue sous les semelles de nos pauvres yeux... ;-)
Réponse de espace-holbein le 14/03/2013 à 07h59
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