mercredi 30 mai 2007

Anselm KIEFER

 
Anselm Kiefer
Chute d'étoiles
Monumenta 2007
Grand Palais
du 30 mai au 8 juillet


kiefer1-200.jpg Être poète ou être peintre ?
Anselm Kiefer a hésité. Et puis, d'une certaine façon, il n'a jamais tranché. Et l'on retrouve ces deux axes forts dans cette présentation qu'il fait de ses œuvres créées spécialement pour la nef du Grand Palais à l'occasion du nouveau rendez-vous : Monumenta.

Monumenta est un événement auquel peu d'artistes pourront participer car il s'agit bien de confronter une pratique artistique de renommée internationale à un espace, à un lieu, à une architecture extraordinaires : la nef du Grand Palais à Paris.

La démesure d'un artiste face à celle d'une architecture.

Anselm Kiefer est né en 1945, en Allemagne. La forme qu'il va donner à son travail sera en relation intime avec ses origines, son histoire. Et cette Histoire, il va l'interroger sans relâche. La nature va également le préoccuper et puis l'homme dans sa relation au monde, l'homme en général. Les mots et la poésie seront toujours présents, intégrés dans les toiles, les installations et les sculptures.

Dans cette exposition, deux poètes sont convoqués : Paul Celan et Ingeborg Bachmann qui sont deux poètes de l'engagement et de la mémoire. Les mots pour lutter contre l'oubli. Il ne s'agit pas d'occulter l'histoire de l'Allemagne mais au contraire de la retravailler et de tenter, à l'aide du langage, de forger des armes contre l'oubli et la barbarie. La question maintes fois posée et reprise par ces deux poètes est bien sûr de savoir si la création artistique (ici la littérature) est toujours possible après la Shoah.
         
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La fascination qu'exercent ces deux poètes sur Kiefer et le bouleversement produit par ces deux œuvres vont être à l'origine de pièces gigantesques faites de béton, de métaux, de plomb, de verre, de terre, de végétaux, de pâtes épaisses et de peintures, d'agglomérats de toutes sortes, de constructions écroulées, d'objets en déséquilibre, de mots forts et énigmatiques pris dans la matière, d'extraits organiques, d'écritures et de matériaux divers.
Il existait, dans l'exposition, une tour de dix-huit mètres de haut. Anselm Kiefer, après l'avoir érigée et considérant son côté factice, l'a écroulée au bulldozer, organisant ainsi un éboulis-catastrophe, souvenir d'une violence dont les traces sont les gravats que nous foulons en déambulant dans ce lieu qui nous rappelle les cicatrices de l'histoire.

L'œuvre est titanesque, tragique et mélancolique à la fois. Mais nous ne sommes pas dans le symbole. Le visiteur est dans la confrontation physique ; et comme le fait remarquer Philippe Dagen dans la plaquette de l'exposition : «Anselm Kiefer n'est pas un artiste de la représentation, mais de la présentation -de la présence serait un mot encore plus juste. Il ne peint pas dans l'espace factice de la toile, mais agit dans l'espace réel de l'atelier, de Barjac ou du Grand Palais. (...) Il ne figure pas, il matérialise. Il ne s'en tient pas à l'image ou aux symboles de la folie humaine de la destruction : il oblige à marcher entre les gravats et le long de paysages carbonisés où rouillent des carcasses.»
         
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Chute d'étoiles
est déclinée en huit zones, tantôt ouvertes tantôt closes. Certaines sont d'une exceptionnelle beauté, notamment celle dédiée au Voyage au bout de la nuit de Louis Ferdinand Céline. On y voit une accumulation d'immenses tableaux faits de matériaux composites et de peinture montrant des mers démontées et des naufrages. La bibliothèque de livres de plomb est somptueuse également.
L'œuvre est impressionnante ; l'acte artistique est fort, à la mesure du lieu.
Le triste souvenir de la Force de l'Art et de l'inadéquation de ses modules au volume du lieu de présentation n'est plus qu'un mauvais souvenir. La preuve que l'on peut réussir.
         
« (...) Est sublime ce en comparaison de quoi tout le reste est petit.»

Emmanuel Kant

photographies de l'auteur

Monumenta, au Grand Palais, du 30 mai au 8 juillet 2007



Commentaires



J'en reviens, Anselm Kiefer est un immense artiste. Je me demandais bêtement à l'écoute de ses interviews pourquoi il contruisait des maisons pour ses oeuvres, c'est que tout simplement cela répond à une nécessité, le fait d'être isolées et magnifiées, les rend encore plus impressionnantes, je viens de mettre 3 s, tant je suis "emballée" . Il allie une réflexion profonde, à beaucoup d'humanité, de profondeur, de romantisme à une culture immense, dans son travail.  Je n'ai qu'un regret de n'avoir pas eu mon apn.
Commentaire n°1 posté par Elisabeth le 20/06/2007 à 23h55
On ne peut qu'être enchanté par cette visite; c'est impressionnant.
Commentaire n°2 posté par holbein le 21/06/2007 à 17h25
Kiefer, montre une  grande puissance e t sensiblilité  dans  ses  créations  (  l'association n'est pas  gagnée d'avance)...  le  rapport  avec  les blockhaus  détruits,   les  accumulations  se référant directement aux camps  de  la mort,  ses perspectives  lourdes,  montre  son attachement  à l'histoire,  mais  toujours  sous tendu par une grande  force  dans  ses  réalisations.  ( ce qui n'est pas le cas  de tout le monde  quand  on prend  l'actualité ou l'histoire  comme prétexte).
Commentaire n°3 posté par chabriere le 04/03/2010 à 14h42
         
         

mardi 29 mai 2007

Glen BAXTER

  Glen Baxter
         
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Glen Baxter,



"Looks like your slipping inexorably into figuration" drawled the eminent critic "
2006
encre et crayons sur papier
135 x 112 cm



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lundi 28 mai 2007

Christophe de BRESSIEUX

  Christophe de BRESSIEUX
galerie Tanya Haddad
jusqu'au 21 juillet 2007


de-bressieux-200.jpg Christophe de Bressieux est un artiste qui a montré assez peu de choses jusqu'à présent, si ce n'est dans des lieux parfois inhabituels ou dans des circonstances  souvent particulières. Son travail se caractérise par une production éclectique et particulièrement énigmatique dans ses centres d'intérêt et dans la mise en scène de ses œuvres.
La galerie Tanya Haddad lui donne aujourd'hui l'occasion de montrer des travaux purement photographiques d'une grande sobriété et d'une grande force. Il s'agit d'une série intitulée L'Envol de la Mésange présentant de très grands tirages du petit oiseau apparemment mort, sans blessure apparente. Une belle forme propre, délicate, où la notion d'espace est à la fois perturbée par l'immensité du sujet photographié et la neutralité du fond. Les points de vue sont variés d'un tirage à l'autre et la mise au point est faite à chaque fois sur un détail différent de la mésange : tantôt une plume particulière de l'aile, tantôt le bec ou bien encore le duvet du ventre jaune ou le gris bleuté d'une patte.

Le titre de cette série,
l'Envol de la Mésange, est énigmatique : il y a en effet une contradiction à nommer "envol" une représentation figée et définitivement figée puisqu'il s'agit d'un petit animal sans vie. Nous sommes vraisemblablement en présence d'une des nombreuses variantes des Vanités si chères au XVIIe siècle. Le précieux petit animal aux couleurs délicates dont la particularité est de voler -chose que l'homme ne fera jamais- est pétrifié, figé dans la mort, tout en gardant à la fois son intégrité physique et toute l'étendue de sa séduction.
La taille exagérément grande de l'oiseau représenté sur les tirages renvoie à l'échelle humaine et le spectateur à ses propres interrogations. Et c'est bien là que ce travail exerce une grande force à la fois  dans sa retenue, dans sa sobriété et dans son pouvoir de conviction.
                   
                   
photographie de l'auteur
(
œuvres : photographies couleur sous diasec)


galerie Tanya Haddad,
7 place Jean Grandel, 92230 Gennevilliers

jusqu'au 21 juillet 2007
                   
                   

KOMAR & MELAMID

  Komar et Melamid
         
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Komar et Melamid


"
L'Origine du Réalisme Socialiste"
1982-1983






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Commentaires

je ne comprends pas la répétition de Vélasquez, le miroir et la naine ??
si vous trouvez mon interrogation sotte, sans intérët, etc..vous ne répondrez pas !! mais je préférerais bien sûr une petite lumière issue d'un clavier bienveillant..
Commentaire n°1 posté par Ch le 28/05/2007 à 21h38
Susciter un questionnement, c'est ce qui est intéressant.
Je vais essayer de ne pas être trop clair de telle sorte que le questionnement se prolonge ;-)

Bon, soit des mots et des images. Il s'agit bien de cela.
Les images seules peuvent avoir du sens ou plutôt plusieurs sens. Tout dépend de ce que nous y apportons.
Les mots également , mais nous ne nous en rendons pas trop compte car nous sommes persuadés que les mots sont précis, utilitaires, efficaces.
Lorsque l'on met sur le tableau de Velazquez les mots : Voici Velazquez, ceci est un miroir, et une naine à l'emplacement précis où l'on reconnaît Velazquez, le miroir et la naine, cela est une légende (intégrée à l'image) et ça ne pose aucun problème à priori (si l'on sait que le miroir en est un, par exemple).
Si ces trois légendes conservent leur place exacte les unes par rapport aux autres et sont plaquées de façon aléatoire sur d'autres tableaux, et si l'opération est répétée de nombreuses fois, le hasard des emplacements, la confusion créée par les déplacements de sens et les écarts que cela produit, ce que nous savons des tableaux utilisés , tout cela nous fait douter des mots que nous employons, nous fait peut-être (par la pratique de ce jeu) nous interroger sur l'efficacité et la légitimité de ces mots que nous employons tous les jours et en fin de compte relativise le crédit que nous leur accordons sans trop y penser.

Les mots, à force d'usure, prennent parfois une drôle d'allure. Dans un film de Truffaut («Baisers volés», je crois) il y a une scène que je trouve très belle : c'est celle où Jean-Pierre Léaud est dans la salle de bains, se regarde fixement dans la la glace et répète son nom, à haute voix, sans interruption : "Antoine Doisnel, Antoine Doisnel, Antoine Doisnel, Antoine Doisnel, Antoine Doisnel, Antoine Doisnel, Antoine Doisnel, Antoine Doisnel, Antoine Doisnel, Antoine Doisnel, Antoine Doisnel, ,etc.». Son nom, il l'entend comme un son étranger, quelque chose qui ne lui appartient plus. Il se produit, du fait de ce jeu anodin, un décollement du sens.

Faîtes l'expérience, c'est enivrant et on apprend énormément...
Commentaire n°2 posté par holbein le 29/05/2007 à 14h39
ah oui j'adorais faire ça quand j'étais petite, répéter mon nom (ou un autre) plusieurs fois à suivre :-) et aussi écrire plein de fois un mot jusqu'à plus le reconnaitre et voir seulement le dessin des lettres. Faudrait pas grandir ;-) ça marche encore, c'est juste que je pense plus tellement à le faire...
Commentaire n°3 posté par laurence le 29/05/2007 à 21h01
Il s'agit, en définitive, du jeu du "ceci n'est pas une pipe" poussé un peu plus loin, jusque dans ses limites.
Commentaire n°4 posté par KA le 30/05/2007 à 08h16
j'aurais voulu ne jamais grandir, j'aurais voulu ne jamais grandir, j'aurais voulu ne jamais grandir, j'aurais voulu ne jamais grandir, j'aurais voulu ne jamais grandir, j'aurais voulu ne jamais grandir, j'aurais voulu ne jamais grandir, j'aurais voulu ne jamais grandir, j'aurais voulu ne jamais grandir, j'aurais voulu ne jamais grandir, j'aurais voulu ne jamais grandir, j'aurais voulu ne jamais grandir, j'aurais voulu ne jamais grandir, j'aurais voulu ne jamais grandir, j'aurais voulu ne jamais grandir, j'aurais voulu ne jamais grandir, j'aurais voulu ne jamais grandir, j'aurais voulu ne jamais grandir, etc.
Les mots et les images créent des frictions : je parle et les gens entendent autre chose...
Commentaire n°5 posté par holbein le 30/05/2007 à 11h16
Ca marche mieux avec un seul mot répété. Exemple :
Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan Peter-Pan

Etonnant, non ?
Commentaire n°6 posté par laurence le 30/05/2007 à 23h18

dimanche 27 mai 2007

samedi 26 mai 2007

vendredi 25 mai 2007

jeudi 24 mai 2007

Joseph KOSUTH

  Joseph KOSUTH
         
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Joseph Kosuth,

"One and Three Chairs"
, 1965
CNAC, Centre Georges Pompidou, Paris,

(Une et trois chaises)
Installation : chaise en bois et 2 photographies
200 x 271 x 44 cm

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mercredi 23 mai 2007

Olafur ELIASSON

Olafur ELIASSON
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Olafur Eliasson,

"Your Activity Horizon"
Musée d'art moderne, Reykjavik, 2004

photo : Ari Magg







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Commentaires

demain... peut-être ?
;-)
Commentaire n°1 posté par laurence le 23/05/2007 à 07h21
oui, demain (peut-être)... Toujours peut-être.
Commentaire n°2 posté par holbein le 23/05/2007 à 07h23

mardi 22 mai 2007

Pablo PICASSO

  Pablo PICASSO
         
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Pablo Picasso,
(1881-1973),
"Les Demoiselles d'Avignon"
1907.
huile sur toile,
(243,9 cm X 233,7 cm).

MoMa, New York.




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Commentaires

C'est comme Velasquez et Martin, faut attendre demain pour comprendre ? Ou c'est juste parce que tu aimes Picasso ???
Commentaire n°1 posté par laurence le 22/05/2007 à 09h27
Ayé j'ai compris (j'avais pas cliqué sur l'image et sur mon écran douze pouces, en petit je voyais pas la criture, (comme il dit Ernestino dans La Pluie d'été)
Commentaire n°2 posté par laurence le 22/05/2007 à 09h28
Au fait : super :-)
Commentaire n°3 posté par laurence le 22/05/2007 à 09h29
Extra, bravo Laurence : va chercher ta tirelire  !
(j'évite l'étude de texte et "l'analyse d'image" ;-)))

Merci pour ton 3ème message. Je persiste = RDV demain et après-demain (peut-être)
Commentaire n°4 posté par holbein le 22/05/2007 à 16h40

lundi 21 mai 2007

dimanche 20 mai 2007

VELÁZQUEZ

    VELÁZQUEZ
         
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L'œuvre d'art est ce qui reste, un résidu, la preuve d'une bataille entre l'artiste et les signes qui mettent en forme la réalité.



Txomin BADIOLA


Commentaires

cette phrase pourrait être de Proust!! sauf, peut-être, le terme "résidu" qui n'est pas très affirmatif! je préférerais "épure", "résultat", voire "aboutissement" ..Je vais chercher qui est Txomin Badiola. pour comprendre (peut-être!).
Commentaire n°1 posté par Ch le 24/05/2007 à 21h58
Lorsque Txomin Badiola parle du «reste», du «résidu», on est dans le déchet, dans le rebut, dans ce qui reste, pas la chose mais ce que l'on a après avoir retranché de cette chose. Le paradoxe (choquant ?) est qu'il définit l'œuvre d'art. Et on n'a pas l'habitude de parler de l'œuvre de cette manière.
Et du point de vue de l'artiste (celui qui passe à l'acte-de création-), lorsque Badiola parle de la bataille entre l'artiste et les signes, je vous promets que c'est loin d'être faux.
Commentaire n°2 posté par holbein le 25/05/2007 à 12h17

samedi 19 mai 2007

Art et sincérité

Art et sincérité
 
L'idée d'inventer une chose dépourvue de sincérité me traversa l'esprit et je me suis mis aussitôt au travail.
 
Marcel Broodthaers
 

vendredi 18 mai 2007

Film - BECKETT .2

  Film, Samuel Beckett
exposition Centre Georges Pompidou


           

C’est un petit film d’une vingtaine de minutes, à peine. Un film de Samuel Beckett : étonnant ? Et le seul film de Samuel Beckett. Et l’acteur qui joue dans ce film n’est autre que … Buster Keaton ! Tout ça a l’air d’être une invention : pas du tout.
Ce film s’appelle Film, tout simplement et date de 1965.

Moi qui suis passionné par tout ce qui touche au regard, je suis aux anges… Car c'est bien de cela dont il est question dans ce petit ovni cinématographique.

Suite de Film
       
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Et là, rentré chez lui, les ennuis continuent. Tout prend de l’ampleur. Sur un de ses murs est accrochée la reproduction cadrée serré du visage aux immmmmmmenses yeux d’un orant de l’époque sumérienne. Et il y a fatalement le miroir, que le bonhomme va recouvrir prestement d’un manteau noir. Et vient un épisode rigolo : celui des animaux, ou plus précisément du regard que les animaux portent sur le petit bonhomme au chapeau plat ; la crainte d’être regardé. Un chat et un petit chien ridicule (un chihuahua, choisi pour ses yeux exorbités) blottis dans un panier. Et qui l’observent. Il va tenter de s’en débarrasser en les jetant alternativement à la porte mais à chaque fois qu’il ouvre sa porte pour mettre le chat dehors, le chien entre à nouveau, traverse la pièce et retourne au panier ; ensuite l’inverse se produit. Le gag se répète plusieurs fois. C’est drôle et dans la veine des films comiques muets de la belle époque de Keaton.
           
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Tout va continuer à le regarder : le miroir, la statuette aux grands yeux, le dossier de son fauteuil, les deux attaches rondes et obsédantes d’une chemise cartonnée renfermant des photographies, le petit perroquet dans sa cage, et jusqu’au poisson rouge aux yeux qui finissent par phagocyter l’écran.
           
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Buster Keaton va faire disparaître un à un ces témoins, scrutateurs, voyeurs potentiels : tout va être recouvert de tissu sombre : le miroir, la cage, l’aquarium et le visage au grands yeux interrogateurs est déchiré, ainsi que les photographies de son enfance sorties une par une de son petit dossier et déchirées soigneusement puis jetées au sol.
L’acteur est toujours filmé de dos.
Parmi ces photographies, une va se distinguer : celle où on va le voir de face, nous permettant ainsi de constater qu’un de ses yeux est recouvert d’un cache noir.
La caméra va tourner autour de lui, assis dans son fauteuil. Il va lever sa tête, et l'on va pouvoir enfin découvrir son visage. Le petit bonhomme mystérieux cache ses yeux dans la paume de ses mains et hurle en s’approchant de l’objectif de la caméra, finissant par nous révéler l'impossible, son désastre intérieur. Avant de retrouver le calme et la résignation. Gros plan final sur l’œil, la pupille.
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FILM by Samuel Beckett Starring Buster Keaton
Edited by Sidney Meyers
Directed by Alain Schneider
Samuel Beckett’s Film
Produced by Evergreen Theater, Inc.
Copyright 1965 by Evergreen Theater, Inc.-All rights reserved
           



Samuel Beckett exposition Centre Georges Pompidou

14 mars-25 juin 2007




Commentaires

On peut voir le film ici:
http://www.youtube.com/watch?v=S-ipz7eSZnU
mais c'est intéressant de découvrir un film à travers un récit écrit...Y a un super bouquin de Manuel PUig comme ça : Le Baiser de la femme araignée, un prisonnier qui raconte à son compagnon de cellule les films qui l'ont marqué. tu connais ? En tout cas, merci pour la découverte Keaton / Beckett :-)
puisque tu es passionné par ce qui touche au regard, tu as vu le documentaire de Depardon sur les paysans, avec un des paysans qui a perdu un oeil ? Après avoir longtemps montré l'homme avec son bandeau noir, Depardon filme l'infirmière venant nettoyer l'orbite... Aussi impressionnant que l'oeil coupé au rasoir dans Un Chien andalou !! Bernard Noël a également écrit un texte dans lequel il raconte qu'au moment de la Commune, des bourgeoises avaient crevé les yeux des communards avec leurs épingles à cheveux. Je rechercherai le texte... Tu dois aussi connaître L'oeil Pinéal" de Bataille... Etc. Etc.
Commentaire n°1 posté par laurence le 21/05/2007 à 15h27
Merci pour tous ces  conseils et remarques. Il y a effectivement des choses que je connais et d'autres à découvrir. J'ai hâte de découvrir le Depardon.
Commentaire n°2 posté par holbein le 21/05/2007 à 18h02
           
           

jeudi 17 mai 2007

Film - BECKETT

  Film, Samuel Beckett
exposition Centre Georges Pompidou


           

C’est un petit film d’une vingtaine de minutes, à peine. Un film de Samuel Beckett : étonnant ? Et le seul film de Samuel Beckett. Et l’acteur qui joue dans ce film n’est autre que … Buster Keaton ! Tout ça a l’air d’être une invention : pas du tout.
Ce film s’appelle Film, tout simplement et date de 1965.

Moi qui suis passionné par tout ce qui touche au regard, je suis aux anges… Car c'est bien de cela dont il est question dans ce petit ovni cinématographique.
           
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Ce film débute sur un œil en gros plan. Puis suivent un autre plan d’une paupière flétrie et la courte description d’un lieu étrange : un mur haut et aveugle et des bâtiments inquiétants.
Puis, surgit de nulle part un petit personnage noir, écrasé par son décor. Il va raser ce mur long, très long, de sa démarche rapide, hésitante, en sautillant à la manière d’une petite souris, et va buter contre des objets abandonnés qui vont basculer.
           
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Ensuite, comme rien ne l’arrête et qu’il ne s’écarte pas de son chemin, il va, sans ménagement, heurter un couple inquiet, apeuré et révolté. L’homme réajustera ses bésicles pour s’assurer qu’il a bien vu cette chose passer, déterminée, imperturbable. Au détour d’une ruelle on verra le protagoniste s’engouffrer dans une habitation, se cacher lorsqu’il entendra descendre quelqu’un dans l’escalier pour finalement bousculer à son tour une vieille femme terrorisée lorsqu’elle le verra et qui s’évanouira face contre terre. A chaque étape de sa trajectoire, le bonhomme, toujours filmé de dos, prendra son pouls, comme pour faire monter la tension.
           
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L'homme au comportement étrange rentrera chez lui, s’enfermera dans sa pauvre pièce aux murs délabrés, prendra à nouveau son pouls et après avoir ôté son chapeau, se débarrassera du tissu qui lui masquait le visage. Toujours filmé de dos, il ne livrera pas tout de suite son secret...
           
           
Bon, lecteur curieux, tu crois vraiment que je vais te raconter la suite tout de suite ?
Sois patient. L'histoire est extravagante, belle et mystérieuse. L'homme qui ne rit jamais est impressionnant.


Suite prochainement (peut-être)





Samuel Beckett exposition Centre Georges Pompidou

14 mars-25 juin 2007



Commentaires

Suite prochainement (peut-être) : tu as l'art de faire durer le suspens ;-)  alors, qu'y a t-il sous le visage ????
Commentaire n°1 posté par laurence le 18/05/2007 à 08h16
oups, je voulais dire sous le tissus
Commentaire n°2 posté par laurence le 18/05/2007 à 08h17
Tu ne peux pas savoir à quel point ton lapsus me plaît !   ;-)

Qu'y a-t-il sous un visage ?...
Commentaire n°3 posté par holbein le 18/05/2007 à 09h19
et la faute d'orthographe aussi  ;-) ? (suspensE) allez, je promets que je le ferai pas à chaque fois :
"Comme cela nous semblerait flou
inconsistant et inquiétant
une tête de vivant
s'il n'y avait pas une tête de mort dedans"
JP :-)
Commentaire n°4 posté par laurence le 21/05/2007 à 15h30
Extra le JP !
Je pense aussi à cette phrase de Flaubert (mutatis mutandis...) :
«Quand je vois une femme nue, je pense à son squelette»

La "faute" je ne sais pas si ça en est réellement une : suspense s'est écrit longtemps à la manière anglo-saxonne, je crois ?
Commentaire n°5 posté par holbein le 21/05/2007 à 18h