Film, Samuel Beckett exposition Centre Georges Pompidou |
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C’est un petit film d’une vingtaine de minutes, à peine. Un film de Samuel Beckett : étonnant ? Et le seul film de Samuel Beckett.
Et l’acteur qui joue dans ce film n’est autre que … Buster Keaton ! Tout ça a l’air d’être une invention : pas du tout.
Ce film s’appelle Film, tout simplement et date de 1965.
Moi qui suis passionné par tout ce qui touche au regard, je suis aux anges… Car c'est bien de cela dont il est question dans ce petit ovni cinématographique.
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Ce film débute sur un œil en gros plan. Puis suivent un autre plan d’une paupière flétrie et la courte description d’un lieu étrange : un mur
haut et aveugle et des bâtiments inquiétants. Puis, surgit de nulle part un petit personnage noir, écrasé par son décor. Il va raser ce mur long, très long, de sa démarche rapide, hésitante, en sautillant à la manière d’une petite souris, et va buter contre des objets abandonnés qui vont basculer. |
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Ensuite, comme rien ne l’arrête et qu’il ne s’écarte pas de son chemin, il va, sans ménagement, heurter un couple inquiet, apeuré et révolté. L’homme réajustera ses bésicles pour s’assurer qu’il a bien vu cette chose passer, déterminée, imperturbable. Au détour d’une ruelle on verra le protagoniste s’engouffrer dans une habitation, se cacher lorsqu’il entendra descendre quelqu’un dans l’escalier pour finalement bousculer à son tour une vieille femme terrorisée lorsqu’elle le verra et qui s’évanouira face contre terre. A chaque étape de sa trajectoire, le bonhomme, toujours filmé de dos, prendra son pouls, comme pour faire monter la tension. | |||||||||
L'homme au comportement étrange rentrera chez lui, s’enfermera dans sa pauvre pièce aux murs délabrés, prendra à nouveau son pouls et après avoir ôté son chapeau, se débarrassera du tissu qui lui masquait le visage. Toujours filmé de dos, il ne livrera pas tout de suite son secret... | |||||||||
Bon, lecteur curieux, tu crois vraiment que je vais te raconter la suite tout de suite ?
Sois patient. L'histoire est extravagante, belle et mystérieuse. L'homme qui ne rit jamais est impressionnant.
Suite prochainement (peut-être)
Samuel Beckett exposition Centre Georges Pompidou
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Qu'y a-t-il sous un visage ?...
"Comme cela nous semblerait flou
inconsistant et inquiétant
une tête de vivant
s'il n'y avait pas une tête de mort dedans"
JP :-)
Je pense aussi à cette phrase de Flaubert (mutatis mutandis...) :
«Quand je vois une femme nue, je pense à son squelette»
La "faute" je ne sais pas si ça en est réellement une : suspense s'est écrit longtemps à la manière anglo-saxonne, je crois ?