Le Désert de RETZ
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Le Désert de Retz est un endroit bien étrange. On n'y croise pas de cerf scribe, intendant ou dessinateur, déguisé en chat
botté assis avec nonchalance sur le rebord d'une fenêtre ovale. Pas de chameaux non plus. Ni de sable. Le Désert
n'est pas un désert : c'est un immense jardin, un parc situé non loin de Paris, sur la commune de Chambourcy, un
jardin qui s'étend quand même sur une quarantaine d'hectares. Les surréalistes en sont tombés amoureux et Prévert lui-même en a laissé une trace en créant ce collage (à
partir d'une photographie d'Izis) où l'on peut reconnaître une des seize fenêtres si caractéristiques de la Colonne Détruite qui servit d'habitation à ses propriétaires
successifs. Et l'inventeur de ce jardin a vécu il y a bien longtemps, bien longtemps avant Prévert, bien longtemps avant les surréalistes. Son nom était François Nicolas Henri Racine de
Monville - que l'on appellera le comte de Monville - et ce comte était un aristocrate éclairé qui vécut au siècle des Lumières.
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François Nicolas Henri Racine de Monville est donc né le 4 octobre 1734. Il va devenir grand maître des Eaux et Forêt.
Mais c'est un érudit. Il est passionné de musique : il joue de la flûte et de la harpe. Et ce n'est pas tout. Il
va étudier la botanique, l'agronomie, la chimie, l'horticulture, l'astronomie, la physique et l'architecture. Et, riche de toutes ces connaissances, François de Monville décide de créer un
jardin anglo-chinois à fabriques. C'est le Désert de Retz qui va rester le plus remarquable de ces jardins anglo-chinois. |
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Les fabriques c'est ce qu'on appellera également les folies. Ce sont de petites constructions, souvent
singulières, à l'écart des villes et toujours entourées de verdure. Elle sont à l'usage de l'aristocratie. Ces architectures seront le reflet d'un orient imaginaire ou bien
anticiperont sur la dégradation du temps en adoptant une esthétique de la ruine. Ces constructions seront installées idéalement dans des paysages créés pour être volontairement
pittoresques (c'est à dire des vues, des paysages destinés à être peints : des paysages créés en tout point pour la vue).
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En 1774 François de Monville fait l'acquisition d'une
maison de campagne à Saint Jacques de Retz qui est un endroit très isolé en bordure de la forêt de Marly. Il va concevoir le Désert de Retz qui va l'occuper durant une décennie.
Il dessinera les plans de chacune de ses fabriques comme il l'avait fait plus tôt lors de la construction de ses deux hôtels particuliers parisiens dont il avait confié la
construction à Étienne-Louis Boullée. C'est le Temple au dieu Pan (5) qui inaugurera la série en 1775. Plusieurs de ces fabriques verront le jour et l'année suivante ce sera
: la Maison chinoise, (6, emplacement initial) le Temple du repos, une Serre, un Obélisque en tôle peinte et un Treillage en architecture
arrangée. Et puis d'autres encore : la Glacière en forme de pyramide (4), la Tente terminée par un dôme «fait en manière siamoise» (7) et naturellement, la plus
célèbre, la Colonne Détruite (2,3) qui aura la particularité d'être l'habitation principale du domaine. |
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(suite prochainement,
j'espère)
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photographies personnelles sauf 1 : collage de Jacques Prévert, La Fenêtre d'Izis
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