Chimères | |||||
Joan FONTCUBERTA,
Série "Fauna" : Monstre conservé selon la méthode Fragonard Sciences-Friction Somogy-Éditions d'art 2005, p48 |
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Déjà, son premier contact avec la photographie est d'ordre documentaire et quasi encyclopédique. Sa
famille mène une activité professionnelle dans la publicité, à une époque -l'Espagne des années 60 - où elle est encore une discipline totalement empirique. Joan, lui, à l'université de
Barcelone, étudie les sciences de l'information, discipline appelée également ironiquement «sciences de la falsification». Cela ne s'invente pas.
Ce monde de la communication constitue le cadre déterminant dans lequel son travail s'est, depuis lors, constamment développé. Il facilite certains thèmes de réflexion constants dans son parcours : la gestion du simulacre, les stratégies de la persuasion, les propositions créatives, les techniques de l'information, les moyens de communication, la culture de masse. Lui vient ensuite le désir de se concentrer sur une activité qu'il considère comme plus politique, éthique, personnelle, qui aurait trait non pas à la publicité elle-même, mais à l'utilisation que le système capitaliste pouvait en faire. En définitive, dit-il, «la publicité n'étant rien d'autre qu'un programme de séduction au service d'idées, ce qu'il faut considérer n'est donc pas tant le programme en soi ni ses techniques, mais ses idées, c'est-à-dire ses propositions et leurs conséquences». Ce qu'il constate, et ce qui constituera également la pierre angulaire de son travail, c'est l'importance de l'impact. Car le message doit se détacher, éveiller notre conscience, et laisser son empreinte. Ses premières œuvres consistent précisément à manipuler le support photographique. Il réalise des photomontages et utilise des techniques de manipulation en laboratoire. La fin des années 70 constitue un tournant décisif. Il constate qu'il n'est plus nécessaire de fabriquer des contradictions, puisqu'elles sont déjà là. Il s'agit juste de les révéler. Tout simplement. Joan Fontcuberta commence à se consacrer de manière presque obsessionnelle aux jardins botaniques, zoologiques, aux musées de sciences naturelles. Si la finalité de telles présentations est d'ordre purement scientifique, culturelle, didactique, la nature est extraite de son origine et déplacée dans des lieux autres, qui ne lui étaient pas destinés. Cette nature artificialisée génère une poésie énigmatique et se transforme en une sorte d'explosion surréaliste, que Lautréamont avait anticipée avec sa machine à coudre et son parapluie sur une table de dissection : «Nul n'est besoin désormais d'intervenir encore sur ce qui est déjà en soi un photomontage», souligne Fontcuberta. |
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Joan FONTCUBERTA,
Sciences-Friction
introduction de Nathalie PARIENTÉ
Somogy-Éditions d'art
2005, p10
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Joan FONTCUBERTA, Série "Fauna" : Truite poilue trouvée par le professeur Ameisenhaufen au lac Clifford Sciences-Friction Somogy-Éditions d'art 2005, p48 |
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Vous savez pourtant aussi bien que moi
que la vie est pleine d'absurdités qui peuvent avoir l'effronterie de ne pas paraître
vraisemblables.
Et savez-vous pourquoi, monsieur le directeur ?
Parce que ces absurdités sont vraies.
L.PIRANDELLO,
Six personnages en quête d'auteur.
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citation extraite du même ouvrage, p11
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Commentaires
Voici l'adresse promise (ne pas dire qu'on vient pour les monstres, cela vexe le gardien, dixit ma fille) http://fr.wikipedia.org/wiki/Mus%C3%A9e_Dupuytren/
Commentaire n°1 posté par Laurence le 31/05/2011 à 22h35
Les monstres sont faits pour être montrés, non ? Donc regardés (on ne regardera donc pas le gardien ; à moins que...).
Merci pour le lien.
Réponse de espace-holbein le 02/06/2011 à 16h50
l'adresse mieux retranscrite : http://fr.wikipedia.org/wiki/Musée_Dupuytren/
Commentaire n°2 posté par Laurence le 31/05/2011 à 22h38
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