Le visage de Lewis Payne
|
||
1. | 2. | 3. |
En 1865, le jeune Lewis Payne tenta d'assassiner le Secrétaire d'Etat américain W.H. Seward. Alexander Gardner l'a photographié dans sa cellule; il attend sa pendaison. La photo est belle, le garçon aussi: c'est le studium. Mais le punctum, c'est: il va mourir. Je lis en même temps: cela sera et cela a été; j'observe avec horreur un futur antérieur dont la mort est l'enjeu. En me donnant le passé absolu de la pose ( aoriste ), la photographie me dit la mort au futur. Ce qui me point c'est la découverte de cette équivalence. Devant la photo de ma mère enfant, je me dis: elle va mourir: je frémis, tel le psychotique de Winnicot, d'une catastrophe qui a déjà eu lieu. Que le sujet en soit la mort ou non, toute photographie est cette catastrophe.
|
||
1. Le regard est ailleurs. Je ne me sens pas nécessairement concerné. 2. Le prisonnier me fixe, juste avant l'exécution. 3. Recadrage du visage. Regard intense. Je sais qu'il sait sa mort imminente.
Ce que je sais conditionne mon regard et ma façon de prendre en compte ce visage.
|
||
Photographies de Alexander Gardner : Portrait de Lewis Payne, 1865 Commentaires |
||
J'ai en outre un peu pl'impréssion que cette personne condamnée ne se rend pas bien compte, qu'elle est dans un autre monde. Les certitudes des uns sont donc si fortes ?
Que la personne condamnée ne se rende pas compte, c'est possible mais la réalité sera là pour la prise de conscience.
Et puis, vous avez raison : face à une image ancienne, une image lointaine, on ne peut être que dans" l'impression" et effectivement les certitudes ne pèsent pas lourd. Les certitudes des uns valent les certitudes des autres...
Que la personne condamnée ne se rende pas compte, c'est possible mais la réalité sera là pour la prise de conscience.
Et puis, vous avez raison : face à une image ancienne, une image lointaine, on ne peut être que dans" l'impression" et effectivement les certitudes ne pèsent pas lourd. Les certitudes des uns valent les certitudes des autres...
Pour moi, c'est plutôt sur le portrait de Rudölf Schâfer, que je trouve le qualificatif de froideur. Il ne me "dérange" pas car il fait à mon sens partie d'une "hagiographie", comme du "Reposez en paix, tout est propre, en ordre, lissé. Il ne peint pas "le passage".