dimanche 21 janvier 2007

Agnès VARDA -Panthéon

         Agnès Varda au Panthéon

Une création d'Agnès Varda, qui est une commande publique du ministère de la Culture.
L'installation, pratique de l'art contemporain , née à la fin du  XXe siècle, officiellement admise pour la célébration d'un événement à caractère historique, important et grave. Les formes que prennent les pratiques artistiques sont intégrées par l'institution.
  
"Les Justes" de la cinéaste Agnès Varda au Panthéon

L'hommage de la Nation rendu le 18 janvier par le président de la République aux Justes de France au Panthéon est concrétisé par une inscription dans la crypte, et une création artistique, dans la nef, qui a été confiée à Agnès Varda. Le public est invité à venir découvrir l'une et l'autre, du 19 au 22 janvier, de 10 heures à 17 heures. L'entrée est gratuite.
Autant que le texte officiel, l'installation de Varda incite au recueillement. Au coeur de l'édifice, des centaines de photographies sont posées à même sur le sol, ou dressées comme des livres ouverts. Ce sont des portraits de certains de 2 600 Justes de France identifiés, ces hommes et ces femmes qui sauvèrent des Juifs des camps d'extermination, ou tentèrent de le faire, bravant les risques encourus. Au milieu de ceux dont les noms sont écrits, on trouve des visages non identifiés, qui représentent les anonymes, les Justes inconnus.

Surplombant ce majestueux plateau circulaire, quatre écrans sont accrochés, qui diffusent tous les quarts d'heure un double film de dix minutes. D'où que l'on soit, on voit deux de ces écrans, diptyque évoquant l'Occupation allemande, les rafles, fuites, mises à l'abri d'enfants menacés. D'un côté, une version en noir et blanc, comme un film d'époque, de l'autre la même version en couleur. Pas tout à fait la même version, en fait. Agnès Varda filme les mêmes scènes mais en changeant d'angle. La version couleur est dotée d'inserts, troncs d'arbre, pierres usées, portes entrouvertes.

Ponctuellement, on voit sur un écran le visage d'un Juste, et sur l'autre écran le visage du comédien qui l'a évoqué. Le travail d'Agnès Varda est magnifique. Le double film fait éprouver des "sensations fragmentées", percevoir les approximations de la mémoire. Varda assène des images-clés (croix gammée, bottes, étoile jaune, tampons administratifs), des sons (chiens, sifflets, train), privilégie les gestes (un prêtre signe un certificat de baptême), des lieux (caves, greniers, fermes). Jusqu'à cette fin, poignante, suggérant que certains furent dénoncés.


Jean-Luc Douin
Article paru dans l'édition du Monde  du 20.01.07




La scénographie et les écrans diffusant l'œuvre d'Agnès Varda resteront en place 3 jours pendant l'ouverture gratuite au public du Panthéon.
photographies de l'auteur

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