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Les pratiques d’accrochage qui consistent à tout accumuler appartiennent, à priori, à une autre époque. Qu’il s’agisse de montrer des collections ou de présenter des expositions d’artistes, nous avons vu ces modes d’accrochage évoluer, du cabinet de curiosités au cabinet d'amateur jusqu'aux grandes expositions du XIX ème siècle. | |||||||||
De l’accumulation, de l’empilement, de l’envahissement des murs, les présentations se sont progressivement ordonnées, clarifiées, les œuvres se sont clairsemées sur des murs devenus généralement blancs pour aboutir, dans les années 1970/80, à la consécration d'œuvres uniques, présentées dans un espace dédié. Certains conservateurs ou collectionneurs ont parfois isolé certaines oeuvres dans un espace réservé, préparé, une sorte d'écrin de pureté évitant ainsi toute promiscuité, tout contact, tout parasitage occasionné par la proximité d’autre chose. D'une sorte d'excès, on basculait dans un autre.
Les années récentes ont vu un mode d’accrochage plus classique gagner les lieux d’exposition. L’esthétique consistant à isoler les objets d’art est plus rare et, d’un autre côté, une certaine distance entre les oeuvres semble respectée pour une meilleure prise en compte de chacune d’elle. Actuellement, une exposition fait exception : Les peintres de la vie moderne, présentée au Centre Georges Pompidou. Contrairement à ce que laisse entendre son titre, ce n'est pas une exposition de peintures ; c’est la donation de la collection de photographies contemporaines faite par la Caisse des Dépots qui est exposée. Les productions présentées ici sont des oeuvres d’artistes français et étrangers et vont de 1980 à nos jours. Un peu moins de 700 photographies sont montrées. Et le pari a été de présenter au public la quasi totalité de cette collection exceptionnelle. |
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La richesse, non seulement qualitative mais quantitative, de ce fonds a contraint les commissaires d’exposition à penser un mode d’accrochage à la fois efficace mais également cohérent par rapport à la notion de collection. Et là, le parti-pris s’est révélé très étonnant pour notre époque et nos habitudes dans la manière de regarder les oeuvres. L’accumulation, dans la tradition des cabinets de curiosité et d’amateur a présidé aux choix, notamment dans certaines zones de l’exposition comme dans la cellule centrale, appelée “la réserve”. Ce choix est d’ailleurs nettement revendiqué : «Exposition dans l’exposition, cette salle évoque les cabinets de curiosité, ancêtres des salons de peinture. (…). Il s’agit ici d’affirmer que l’intérêt de la collection, par delà les thèmes, les forces que l’on pourra y relever, réside bien dans sa constitution même et dans son identité d’ensemble.»*
Les photographies présentées dans cette exposition sont d'une extrême variété et de tout premier ordre. Une fois passé le choc, le plaisir est grand de retrouver les épreuves connues, oubliées, celles qui nous ont tant fait rêver et de les considérer dans cette somme qui est le produit d'un acharnement, d'une détermination de collectionneur. Les peintres de la vie moderne est un titre qui fait évidemment référence au texte de Baudelaire sur l’éloge de la modernité. Il est amusant et vivifiant de constater que ce qui va contribuer à réactiver notre regard fait appel à un auteur du XIXe faisant référence à la modernité, évoque la peinture mais montre de la photographie contemporaine. |
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* plaquette de présentation : Les peintres de la vie moderne, Centre Georges Pompidou, du 27 septembre 2006 au 12 mars 2007 . - photographies de l'auteur : en haut : la réserve 1. vue d'ensemble 2. McAdams 3. vue d'ensemble 4. Florence Paradeis 5. Koen Theys |
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liens : -Florence Paradeis, Caisse des Dépôts - Caisse des Dépôts, présentation de l'exposition Commentaires |
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on peut trouver le texte complet ici :
http://baudelaire.litteratura.com/?rub=oeuvre&srub=cri&id=467
Brassaï lui en avait beaucoup voulu d'écrire ça (à Picasso, aussi, il en a voulu, de lui dire qu'il avait une mine d'or entre les doigts et qu'il se contentait d'exploiter une mine de sel) et il avait même écrit un texte en 1950 intitulé "Baudelaire avait tort"...
ça donne bien envie d'aller voir l'expo, en tout cas, ton billet...
Cette expo, il faut y retourner car, pour le coup, il y a beaucoup à voir.