Têtes de caractère Images sans voix |
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Un homme qui crie, qui hurle. La pose est étonnante, hurlante de vérité. J'ai beau m'approcher : le silence est ahurissant. La solution se trouvera peut-être dans cet autre portrait (à droite) du même artiste. La bouche est barrée d'un sparadrap... Là, le cri est contenu (ce portrait a été acheté par le Musée du Louvre en 2005). | ||||
Franz Xaver Messerschmidt (1736-1783) est un sculpteur qui a développé une œuvre à la fois très classique pour son époque mais totalement décalée, curieuse, d'une grande originalité dans le cadre de cette sculpture du XVIIIe siècle. Artiste baroque autrichien il fera des portraits sculptés de ses contemporains mais c'est surtout les bustes illustrant ses têtes de caractère qui laisseront des traces de lui jusqu'à nos jours.
Il s'agit d'une galerie stupéfiante de personnages grotesques, grimaçants et censés illustrer les traits du caractère jusqu'à la caricature. Messerschmidt commença à réaliser ces têtes en se prenant lui-même pour modèle et força son visage à exécuter les grimaces les plus invraisemblables en se regardant dans le reflet d’une vitre. Ces têtes l'occupèrent de 1770 jusqu'à sa mort. Il fréquentait un certain Lavater qui développait des théories autour d'une pseudo-science, la physiognomonie, qui trouvera ses prolongements dans la morphopsychologie. La démarche se voulait expérimentale pour Franz Xaver Messerschmidt qui souhaitait trouver des correspondances entre les grimaces et les endroits douloureux de son corps. Les relations entre l'art et les sciences se voulaient actives au XVIIIe siècle, qui est, ne l'oublions pas, le siècle des Lumières. Ainsi, les têtes de caractère qui explorent ces relations et décrivent la douleur. On évoquera sa «santé curieuse», euphémisme pour dire, sans doute, qu'on le considérait fou. Plus vraisemblablement, c'est le plomb, qu'il utilisait pour sa sculpture, qui a détruit sa santé. |
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Une exposition de l'œuvre de Franz Xaver Messerschmidt a lieu actuellement au Liebieghaus à Francfort (jusqu'au 11 mars 2007).
Commentaires
J'attends avec impatience une note sur Duchène de Boulogne et le rappel de l'inoubliable exposition du Grand Palais "L'Ame au corps"... Merci holbein !
Commentaire n°1 posté par eska le 11/02/2007 à 13h00
C'est vrai, l'Ame au corps, superbe exposition (comme celle qui a suivi plusieurs années après : Mélancolie, d'ailleurs). Et Duchène de Boulogne, effectivement : de belles grimaces en perspective...
Commentaire n°2 posté par holbein le 14/02/2007 à 10h30
La tête de droite était dans l'exposition Portraits publics, portraits privés. Je crois que Messerschmidt était déjà fou (et fut exclu de l'enseignement) avant de vivre en reclus et de se mettre à sculpter ses têtes de plomb. Ce site sur lui est très complet : http://www.limmat.ch/schmid/fxm/
Commentaire n°3 posté par Lunettes Rouges le 02/03/2007 à 23h53
En effet, on a vu cette sculpture de droite à "Portraits publics/portraits privés" (elle appartient aux collections du Louvre). Pour l'"exclusion" de l'enseignement dont il fut victime, on dit, en tout cas, qu'il fut poussé à la retraite...
Commentaire n°4 posté par holbein le 04/03/2007 à 19h15
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