Cette sculpture, Pline l'évoque dans son Histoire Naturelle, XXXVI, 37. On sait que la période hellénistique aimait représenter les scènes faites de brutalité et de violence et on reconnaît à ses artistes la capacité de rendre compte efficacement de sentiments forts portés par l'émotion. On peut néanmoins se demander quelle était véritablement l'intention des artistes qui ont sculpté ce Laocoon. S'agissait-il pour les auteurs de ce groupe sculpté de faire preuve de leur maîtrise ? A travers cette maîtrise, s'agissait-il de transmettre une morale, une leçon ? Si tel était le cas, la qualité de l'expression représentée sur le visage devait être irréprochable.
A l'époque de la Renaissance, on voyait dans cette sculpture ce qui se faisait de mieux du point de vue de l'imitation de la nature ; on y reconnaissait également un modèle d'expression. Ce qui s'est rapidement constitué comme un idéal antique a servi la réflexion de grands théoriciens, historiens et philosophes de l'art, notamment du XVIIIè siècle, tel Lessing ou Winckelmann. A travers ce cri Lessing voyait «une représentation de la douleur tempérée par le désir de ne pas détruire la beauté par excès d'expression». Quant à Winckelmann, sa réflexion sur le Beau l'a conduit à voir dans cette expression du Laocoon «une douleur dominée par la grandeur d'âme».
Lecteur, je vais peut-être y revenir dans les jours qui viennent...
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