mercredi 27 juin 2007

Olivier CADIOT

 Un nid pour quoi faire

Cour royale en exil à la montagne cherche conseiller image, chambre tt cft dans chalet atypique, artistes s'abstenir, envoyer prétentions.


Olivier Cadiot
Un nid pour quoi faire
4ème de couverture, 2007
P.O.L
 

lundi 25 juin 2007

PISANELLO

      Pisanello


pisanello-200.jpg    « (...) nous avons  plaisir à regarder les images les plus soignées des choses dont la vue nous est pénible dans la réalité, par exemple les formes d'animaux parfaitement ignobles ou de cadavres, la raison en est qu'apprendre est un plaisir non seulement pour les philosophes mais également pour les autres hommes (...) ; en effet si l'on aime à voir des images, c'est qu'en les regardant on apprend à connaître.»




Aristote

Poétique, chap.IV, 48b, 10-12,
éd. Dupont-Roc et Lallot, 1980, p. 43
         






illustration : Six études de trois hommes pendus par le cou (détail), Pisanello
Londres, The trustees of the British Museum, Department of prints and drawings
extrait du catalogue de l'exposition Pisanello, Musée du Louvre, 1996, p. 244
    

Commentaires

L'amble des morts mal morts
Sonnant à tous les vides.

L'issue - René Char
Commentaire n°1 posté par Ch le 05/07/2007 à 23h40
René Char dont on fête cette année le centième anniversaire de la naissance...
«Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque»
Commentaire n°2 posté par holbein le 07/07/2007 à 10h00
         

samedi 23 juin 2007

arts premiers

      Musée du quai Branly : premier anniversaire



africanMcD-200-.jpg   Le musée du quai Branly fête son premier anniversaire aujourd'hui.
Le bilan -provisoire- au terme d'une année sera vraisemblablement envisagé ces jours-ci par nombre d'observateurs variés. Soyons attentifs, essayons de faire le tri, sachons repérer les enjeux derrière les constats. Il risque d'être très instructif de confronter les opinions qui vont être exprimées ; qu'il s'agisse de professionnels, de visiteurs éclairés, de touristes, etc. Et dans chacune de ces catégories nous allons retrouver des sous catégories qui ont toutes les chances de ne pas être d'accord entre elles...
Alors que penser de ce musée des arts premiers ? J'ai trouvé sur internet, et je ne sais plus où d'ailleurs, cette photographie d'une statuette d'un type assez particulier renvoyant grossièrement à l'esthétique d'une petite sculpture africaine rendue délibérément contemporaine grâce à ses attributs qu'on ne manquera pas d'identifier...
Sacrilège.
J'ai trouvé ça rigolo et me suis empressé de glisser, vite fait, ce petit ovnimage dans ma collection de trucs que je récupère, comme ça.
Et puis je retombe dessus dans ce contexte du premier anniversaire du musée des arts premiers. Et cette petite image, je ne la trouve plus si anodine. Quel statut donner à cet objet photographié ? Est-on dans le registre du trivial, du blasphématoire, du mauvais goût, du commercial, de l'objet d'art contemporain occidental et provocateur ? (il pourrait occuper une place avantageuse dans l'espace d'une galerie à la mode, du quartier du Marais, par exemple). Ailleurs encore ?

«On voit combien la notion d'"art” pose problème ; est ambiguë. Combien sous ce terme, on fait se recouvrir des processus foncièrement différents, antinomiques.» écrivait la rédactrice d'un très bon blog traitant précisément des choses de l'art dans un billet consacré, justement, au musée du quai Branly...
La question essentielle relève effectivement de la définition de l’œuvre d’art. Toujours la même question. Ce truc aux frites et boisson gazeuse appartient-il au registre artistique ? Et ce qu'on voit dans les vitrines du musée du quai Branly, est-ce bien des objets d'art ? Ne serait-ce pas plutôt, dans nombre de cas, des objets usuels qui ont changé de catégorie en changeant de continent ? (Même si ceux qui les ont collectés les trouvent «beaux» ? Et puis d'ailleurs la Beauté reste-elle le critère pour définir le statut d'une œuvre d'art ? Le XXème siècle a ébranlé nos certitudes, etc.)
Et c’est heureux. Heureusement qu’on est loin de faire le tour de ces questions. Et c’est pour ça que tout se qui se réfère à l’art m’intéresse intensément et continuera sans doute  à m’intéresser longtemps.

On peut prendre un objet et l’introduire dans un autre circuit, y compris un objet fait en Afrique (et appelons-ça comme on veut : outil, chef d'œuvre, pièce d'artisanat, objet d'art ou de consommation, etc.). A partir du moment où un objet est produit, soumis au regard des autres, il prend son autonomie (voir la statuette africaine...). Et la bonne conscience pour le remettre dans le droit chemin de sa prétendue catégorie  véritable n’y fera rien.
Et n'est-ce pas ici, au contraire, lorsqu'on considère ces objets «d'arts premiers» que la mauvaise conscience (blanche, bourgeoise, catholique, judéo-chrétienne, scoute, cultivée,
de bonne famille, étant nécessairement passée par une phase d’autocritique de bon aloi liée au mouvement social de 1968  avec, en conséquence,  juste ce qui faut de contestation politiquement correcte)  ressort ?
Le musée a des responsabilités.
Mais il faut savoir assumer sa position. Il participe à la fabrication des représentations, pour ne pas dire qu'il se trouve bien souvent à l'origine de ces représentations.
Y a-t-il vraiment un «regard d’homme blanc» ? Ce qui supposerait un regard d’homme noir. Reste à savoir où commencerait la négritude (ou la «blanchitude»). A partir de quel degré de coloration, d’origine, d’authenticité, de pureté du sang, etc. Voyez que ça rappelle de mauvais souvenirs et qu’il ne faut surtout pas se fourvoyer dans ce sens.
Ces deux composantes existent-elles vraiment ? Un regard métis serait une subtilité supplémentaire qui ajouterait un peu plus à la confusion ? Se situe-t-il du côté blanc ou du côté noir ?

Ces questions, tout cynisme évacué, interrogent et rappellent évidemment les mauvaises relations que la France a entretenu avec l’Afrique dans le cadre tristement calamiteux du colonialisme et ça n’est pas le discours de la mauvaise conscience (y compris celui élaboré spécifiquement pour ces objets d'art) qui fera le ménage ou qui rachètera cette France du ratage. Pourquoi décidément ne pas s’intéresser à l’Afrique contemporaine et prendre en compte le drame des gens prêts à tout, jusqu’à sacrifier leur vie ?  Car ce n’est pas fini. C’est loin d’être fini.
Il y a actuellement une superbe performance générale d’une partie de l’Afrique au large des côtes de Sud de l’Europe : voir cette photo d'un performer* en pleine action. Force est de constater que ces questions sur l'art nous entraînent bien loin.

Mais je m'éloigne du propos. La statuette se nourrissant de produits made in USA ne renverrait-elle pas à elle toute seule à un état de la réflexion sur la mutation des valeurs liée à l'identification des objets et de leur fonction ?
Alors, in fine, que penser de ce musée des arts premiers ? Honnêtement je n'en sais rien. Et puis je ne suis pas spécialiste.

         
         
* photographie en lien : Espagne, îles Canaries  ©Juan Medina / Reuters

 -photographie initiale : source non identifiée.
         
         

Commentaires

Que de questions ? La question de la catégorie "art" déjà... beaucoup de réflexions ces dernières années par des anthropologues. Objet artistique = objet qui a des attributs esthétiques et/ou sémantiques utilisés à des fins de représentations ou de présentations (Morphy, 1994, The anthropology of art - a reader). On serait tenté de lui conférer un "statut?" artistique au petit bonhomme. Gell par exemple (Art and Agency; 1998) développe une théorie de l'agir de l'oeuvre: elle est conçue pour impresionner, faire réagir celui qui entre en contact avec elle; cela s'applique bien ici. Il trouve beaucoup d'exemples convaincants dans des objets océaniens (les proues de pirogues faites pour "enchanter")... moi je l'aime bien ce "fétiche"... Pour le Musée du Quai Branly, il a le mérite d'exister (certes à grand frais et on n'a certainement pas prévu des budgets de fonctionnement; j'ai déjà remarqué des vitrines en Afrique en train de se délabrer...). Je le prends pour un musée où chacun le parcourt avec sa perception, une sorte de parcours des sens. Par exemple, je regardais un masque Egungun reconstitué sur un mannequin : la tête est enfermée dans une petite "boite" et le costume, magnifique, grands pans de couleurs chatoyantes (cf. photo). Un petit enfant passe devant et dit à sa mère : " Il me fait peur , on dirait un fantôme"; et sa mère de lui répondre "Mais, non c'est une robe de belle dame".. en fait il s'agit de masque pour des cérémonies rappelant les ancêtres... Pour les étudiants et chercheurs, la médiathèque qui a hérité de tous les fonds du Musée de l'Homme est une merveille. C'est aussi le lieu de nombreuses manifestations. On reprochera que la place promise pour des expositions d'art contemporain n'est pas encore là et que c'est une grosse grosse machine... il n'y a pas que du blanc et du noir !! et j'avoue que sur "Regard d'homme blanc" et "regard d'homme noir"... on n'a pas épuisé la question; mais j'ai une petite anecdote sur ce qu'est la beauté pour un habitant du Vanuatu que je te raconterai par mail, car pour une fois je m'étends beaucoup dans ce commentaire !!!
Commentaire n°1 posté par Lyliana le 25/06/2007 à 18h21
pfff... tu modères ou quoi ??? j'avais écris un long comm', pourquoi il apparait pas ????
Commentaire n°2 posté par laurence le 25/06/2007 à 21h53
Est-ce de l'art ? pour moi oui, en regard de ce qu'on fait les artisans européens, qu'on appelait pas artistes à ce moment là, qui n'ont pas signé leurs oeuvres, on retourve parfois une marque de tacheron, qui  fait une marque pour être payé.
Le musée du quai Branly m'a enthousiasmée, je me classe dans tes propostions, dans les touristes dans ce domaine précis. De pénétrer dans le musée, lumière tamisée, ambiance feutrée, pas de hurlements de guides, ni de touristes péremtoires, possibilité de suivre ma visite en me posant souvent, tout cela est fort agréable et instructif. Je ne pense pas que je serai allée au musée de l'homme. Quant aux questions  que certains  se posent, s'il faut restitué ces objets, je pense que certains proviennent de dons et ce serait tout à fait impoli que de les rendre. D'autres proviennent de piratage c'est indéniable, que les galeristes et les marchands profitent de l'aubaine, celà est toujours le cas depuis l'avènement des marchand. Au fond cher holbein, si je n'avais pas passé une si bonne visite, j'aurai mauvaise conscience, je me suis promis d'y retourner pour approfondir les autres secteurs.
Commentaire n°3 posté par Elisabeth le 25/06/2007 à 23h30
Questions difficiles que tu poses là.
Quelques réflexions, en un vrac pas du tout rangé :
- j'avais, sur mon blogue, repris et illustré des extraits d'un article d'Aminata Traoré, ancienne ministre de la Culture du Mali à propos de l'ouverture du musée du quai Branly ;
- et puis je suis allé visiter (tout récemment) ce musée ; j'ai été saisi par la beauté du lieu et la scénographie ; j'ai oublié Aminata Traoré ; et puis j'ai repensé à son cri quand j'ai vu une femme de ménage au fond du musée ;
- j'ai souvent visité le musée d'art d'Afrique et d'Océanie de la Porte Dorée ; il n'y avait jamais personne (sauf à l'aquarium du sous-sol) et je m'arrêtais souvent, dans un couloir sombre, devant le masque d'un lion (gaïndé, en wolof) ;
- dimanche dernier, il y avait encore une queue de plusieurs centaines de mètres devant le musée du quai Branly où le masque de lion est aujourd'hui introuvable ;
- ce masque (et tous les autres et toutes les statuettes) servait à un rituel ; il était beau, certes, mais sa fonction n'était pas celle d'une œuvre d'art ; en Afrique de l'Ouest, quand un objet ne peut plus assumer, pour une raison ou une autre, sa fonction rituelle, il rejoint les autres objets "déchus" dans une case, une espèce de cimetière ; les acheteurs occidentaux ont un carnet d'adresses, une liste de ces cimetières ;
- les musées de l'ouest africain sont à peu près vides d'objets ;
- la dame à la serpillère entraperçue l'autre jour au musée du quai Branly y travaillera certainement aujourd'hui ; elle traversera la salle aux masques dogon, s'en ira réassortir les WC en papier toilette.
Commentaire n°4 posté par KA le 26/06/2007 à 03h37
Bon, je réécris (de tête, et en moins long) mon commentaire : je disais que j'avais visité le quai Branly pour la première fois la semaine dernière, pour le vernissage des deux expos actuelles (dont les thèmes me semblent par ailleurs très anecdotiques...). un peu mal à l'aise en voyant que le personnel est originaire d'Afrique et que tous les invités sont occidentaux... Pourtant, je pense que le QB doit bien avoir dans son carnet d'adresses celles de représentants africains en France. Veulent pas venir ? ;-)

J'aimais bcp le musée de l'homme, parce que les cartons jaunis montraient bien qu'il était daté : on a les écrits des intellectuels qui à l'époque (colonisation / décolonisation oblige) se passionnaient pour ces pays : il y a bien évidemment des correspondances entre la façon dont ces objets étaient exposés et la manière des intellectuels de l'époque d'appréhender cette création (ne serait-ce que parce que Leiris avait accompagné Griaule, et parce que les artistes de l'époque, via Minotaure et Documents, avaient suivi l'expédition Dakar Djibouti). Mais les sociologues, sémiologues etc. d'aujourd'hui ont aussi du boulot s'ils veulent rendre compte de la manière dont on perçoit le continent Africain (principalement) à partir de notre façon d'exposer leurs objets. Ce doit être passionnant à faire !
Bref, je suis quand-même contente d'avoir vu ce musée. J'ai traîné longtemps dans le jardin (très agréable !) en lisant "Réflexions sur l'esclavage des nègres" de Condorcet - acheté sur place, 2,5 euros, aux éditions Mille et une nuits. Lecture indispensable, même si c'est déprimant de lire un texte aussi "novateur" daté du 18èS, et de voir qu'encore aujourd'hui, l'égalité prônée par Condorcet n'est toujours pas là (ne serait-ce que pour l'accès à la culture, évidemment visible quand on visite le QB).
D'accord avec toi, il faut s'intéresser à l'Afrique Contemporaine. Dommage que Beaubourg ne s'intéresse aux artistes africains qu'à l'occasion d'Africa Remix - d'autant plus dommage que s'il est un continent ouvert, qui a su intégrer les autres cultures à son art, c'est bien l'Afrique ! il faut aller voir la galerie "Musée des arts derniers" : www.art-z.net
Commentaire n°5 posté par laurence le 26/06/2007 à 09h03
>Lyliana : merci pour ta réaction car je sais que ces questions-là t’intéressent ; ton excellent blog le montre régulièrement. Ta contribution, encore une fois fait avancer notre questionnement et tu as un avantage sur nous tous c’est que tu t’appuies sur des exemples précis.
La conception de l’œuvre d’art conçue pour impressionner, faire réagir, reste efficace dans pas mal de cas et on va trouver cette conception et ses variantes partagées encore aujourd’hui (« l’art : ce qui dérange », etc.). Et le musée peut aussi prendre le relais de cette conception jusque dans sa scénographie.
J’ai adoré la définition de la Beauté pour l’habitant du Vanuatu ! (private)
>Laurence : ton comm est malheureusement resté dans ta machine, je n’en ai aucune trace. Aurais-tu le courage et la gentillesse de le reposter (de mémoire) ?  car je suis très curieux d’en connaître le contenu…
> Elisabeth : tu as raison de rappeler l’évolution de la notion d’«art» et de la distinction, bien souvent improbable, entre art et artisanat.
La question de la restitution des objets est une question complexe. Cela part évidemment d’un bon sentiment mais l’on sait aussi que la mémoire d’un très grand nombre d’objets a été conservée grâce au fait que ces objets avaient été collectés et préservés à l’étranger. Ce qui a permis, entre autre, de donner corps à certains pans de l’histoire de la culture de beaucoup de pays africains.
> KA : je me rappelle les propos d’Aminata Traoré qui avaient jeté un pavé dans la grosse mare ! Lyliana y avait aussi fait référence dans son blog (également de référence) il y a un an.
C’est vrai que ce musée est une sorte d’écrin qui favorise une certaine scénographie.
Je me rappelle, de mon côté, une autre présentation : celle du Musée de l’Homme très désuète, poussiéreuse, avec des vitrines accumulées, des objets empilés, des cartels jaunis aux textes tapés à la Remington… (il y avait un côté Tintin, « l’oreille cassée »…). Un charme au second degré.
Si les musées de l’ouest africain sont à peu près vides d’objets c’est bien que la conception de l’objet (et de l’objet d’ «art » en particulier) n’a rien à voir avec celle pratiquée en occident.
Quant au versant social auquel tu fais référence, on ne peut indéniablement pas en faire l’économie, et c’est pour cette raison que j’ai évoqué de mon côté le triste sort des émigrants qui se noient au large des côtes de l’Europe (voir photo dans le billet). Et il faut bien comprendre que c’est aussi notre problème. Il conviendrait de réagir plus énergiquement et plus efficacement.
Commentaire n°6 posté par espace-holbein le 26/06/2007 à 09h48
Un extrait de ce qu'Aminata Traoré avait écrit (billet) sur mon blog, il y a un an)... j'avais été à l'inauguration, et c'est vrai , je me souviens que la première vision fut de voir des jardiniers noirs à genoux pour terminer à la hâte le jardin, des hommes de ménage, à l'intérieur, à genoux toujours... cette image m'avait beaucoup frappée puisque tous les invités étaient blancs, comme "s'ils l'avaient fait exprès" !!! Les musées d'Afrique de l'Ouest ne sont pas tous vides d'objets, il y a beaucoup d'initiatives entreprises ces derniers temps (Grassland camerounais, Gabon); il y a aussi des pays où les choses ne sont pas si simples et nous ne portons pas la culpabilité de tout !
Commentaire n°7 posté par Lyliana le 26/06/2007 à 09h51
Holbein : nos commentaires se sont croisés, et je ne voudrai pas qu'on fasse un contre-sens sur ma dernière phrase; elle ne concernait que les musées africains... pour le sort de ces émigrants que tu évoques, c'est effectivement notre problème.
Commentaire n°8 posté par Lyliana le 26/06/2007 à 09h57
>Laurence : je vois que nos commentaires se sont croisés. Merci pour ta "re-rédaction".
D'accord avec toi. Je vois que nos références au Musée de l'Homme sont communes...
A Beaubourg, peut-être. Mais il y a quand même des artistes représentés (Frédéric Bruly-Bouabré, par ex) mais surtout il y a eu cette magnifique exposition (qui, plus qu'une exposition a été une démarche très forte) en 1989, à l'initiative de Jean-Hubert Martin : intitulée «Magiciens de la Terre» où l'on a pû voir vraiment des productions d'artistes contemporains de toutes origines (y compris africaine). Ca a été un déclencheur. Un moment inoubliable, pour moi, en tout cas. Avec, accessoirement, sortie d'un catalogue somptueux.
Commentaire n°9 posté par espace-holbein le 26/06/2007 à 10h00
Oui, mais 1989, c'était il y a presque 20 ans ! J'ai vu le catalogue, superbe tu as raison : introuvable aujourd'hui, mais on peut le consulter au musée des arts derniers. Il y a d'ailleurs à la galerie une expo de Soly Cissé, qui commence jeudi. C'est un artiste très important, à mon goût (surtout, les dessins, plus que la peinture). A saint Brieuc, plusieurs expos intéressantes d'art contemporain africain ont eu lieu cette année. Si j'étais riche, j'investirai d'abord dans ces artistes :-) !
Commentaire n°10 posté par laurence le 26/06/2007 à 11h09
Mais tu es riche, Laurence : il n'y a pas que l'argent !
;-)
Commentaire n°11 posté par espace-holbein le 26/06/2007 à 11h17
Hou, je viens de me relire, mon commentaire est truffé de fautes, honte à moi !
Commentaire n°12 posté par Elisabeth le 28/06/2007 à 23h58
Hello,

J'ai attentu avec impatience l'ouverture du Musée du Quai Branly. C'était pour moi passionné d'art aborigène, la reconnaissance majeure d'une culture et d'un peuple bien souvent méprisé.

Quelques mois avant l'ouverture j'adhérais à l'Association des Amis du Musée pour marquer mon enthousiasme et m'ouvrir les portes même aux moments de grande affluence.

J'y suis retourné 7 fois sur 2006 à l'occasion de WE sur Paris, avec mes proches, un peu comme une découverte, un parcours initiatique.
Et c'est peu dire. Le jour de l'ouverture une lampe de poche était nécessaire pour lire les inscriptions accompagnant les oeuvres. Un peu comme rentrer dans une grotte et chercher à distinguer les gravures sur les parois. :-)

La section d'art aborigène est passionnante avec des peintures d'Utopia, Papunya ou des territoires du Nord : oeuvres de Kathleen Petyarre, Dave Ross pwerle, Rover Thomas, d'Helicopter, du grand John Mawurdjul... et j'en passe.

Quelques petites vidéos permettent de mieux comprendre le sens caché des motifs dans l'étonnante grotte aux écorces peintes réunies par Karel Kupka. Mais ne sont pas faciles d'accès tant les places sont chères.

Je ne m'en lasse pas. Mais je dois avouer que ce musée suscite au moins différentes questions :

- comment peux-t-on inviter ainsi au dialogue universel entre toutes ces civilisations de tous les continents en excluant l'Europe, grande absente des salles d'exposition ?

- cela me gène moins mais le paradoxe est intéressant. Un état laïc, républicain, souvent complexé vis-à-vis de la religion, met dans ce musée en avant toutes les spiritualités du monde, les grandes religions, car il s'agit bien de cela.  Mais encore la seule absente est la religion chrétienne (enfin celle de Rome car il y a bien les coptes).

J'ai par contre observé avec amusement un témoignage audio et vidéo à l'étage sur les grands écrans consultables, traitant de la vallée de l'Ubaye (Barcelonnette), et de leur culture de l'écriture. Dés le XVIIe siècle il n'existait dans ces pauvres vallées de montagne aucun analphabète, de nombreuses années avant Jules Ferry. Témoignage d'autant plus étonnant qu'il cohabite avec des vidéo sur la Papouasie, des langues rares... mais encore rien d'autre sur l'Europe.

Nous n'aurions donc pas eu d'arts premiers en Europe ?

Pourrions-nous ranger dans cette catégorie les robes brodées, certes magnifiques, provenant d'Afrique du Nord, ou de Chine et datant du XIXe siècle, pourtant exposées au Quai Branly ? Sans parler de papiers imprimés du Japon au XIXe également.

Cette famille des arts premiers semblent bien vaste et peut-être un peu opportuniste.

J'aime cependant cette idée d'arts vivants, en comparaison du Musée Guimet qui traite de "civilisations mortes". Mais cela est-il suffisant et comment classifier dés lors les poteries d'Amérique du sud datant du 4e siècle, et joliment présentées dans les vitrines ?

Vous le voyez un Musée qui ne me aisse pas indifférent.
Amitiés,
Bertrand
Commentaire n°13 posté par Bertrand le 17/07/2007 à 00h34
>Bertrand : je vois quelqu'un de passionné ;-) et c'est agréable.
Ce musée pose en effet beaucoup de questions et celle de l'espèce d'exclusion subie par l'Europe tant dans sa dimension religieuse  que dans celle relative à son «hypothétique» non-production d'arts premiers est vraiment intéressante. C'est un point qui ne m'avait pas effleuré tant on a l'habitude d'aller dans ce type de musée pour y voir des objets originaires de pays lointains. Est-ce une question de place ? Une question idéologique ? Un parti-pris scientifique ?
Merci en tout cas pour cette reflexion qui permet de voir les choses autrement.
Amicalement.
Commentaire n°14 posté par espace-holbein le 17/07/2007 à 21h51
Un blog de collectionneurs piéces diverses de l'Afrique de l'ouest et de l'Afrique centrale. Le propos est d'enrichir le discours à partir d'exemple pour transmettre et faire apprécier la diversité de ces cultures.
Commentaire n°15 posté par bout de bois le 02/11/2007 à 10h54
au sujet  des oeuvres  du quai Branly,  je viens  de publier  cet article, prenant pour base les  croquis  que  j'y ai effectués  fin 2009
Commentaire n°16 posté par chabriere le 21/01/2011 à 20h34
C'est effectivement toujours intéressant d'aller dessiner  directement, sur le motif. Les choses apparaissent que je n'avais pas vues.
Réponse de espace-holbein le 22/01/2011 à 08h51
         

jeudi 21 juin 2007

GILBERT & GEORGE

  GILBERT & GEORGE
mêlés malgré eux à un meurtre



gilbert-george2.jpg 
GEORGE : Il nous est arrivé une histoire invroyable. Nous revenions d'Athènes, complètement épuisés...
GILBERT : Á la fin d'une exposition, on est à plat. On trouve la porte de chez nous, sur les genoux. Mais chaque fois que nous pensons : «la vie est ennuyeuse», cela repart, quelque chose se passe...Tu ne crois pas George ?
GEORGE : Cette fois-là, nous avons trouvé un fax, écrit à la main, de la police du New Yorkshire... Rien qu'à voir cet en-tête, cela faisait plutôt peur... «Chers Gilbert & George, nous souhaitons vous interroger sur un assassinat...une femme trouvée morte, assassinée, dans une valise, une femme recouverte d'un ruban adhésif dessiné par vous.» Ils sont venus nous interroger.
GILBERT : Un choc !
GEORGE : Terrible. Première question : Est-ce qu'une de vos œuvres traite de la violence envers les femmes ?» Puis «Une de vos œuvres traite-t-elle de l'asservissement ?» J'ai failli dire non, à part Human Bondage I... et ... On en a tout une liste ! Donc j'ai juste dit «non».
GILBERT : Comme la jeune fille était coréenne, il nous a demandé si nous fréquentions les milieux coréens...
GEORGE : Mais tous les artistes sont mêlés au milieu coréen ! Nous avons tous des amis coréens ! Nous fréquentons tous des restaurants coréens! Nous y avons même un ami serveur. Le ruban adhésif venait de la boutique de la Tate : à partir de notre œuvre Death Hope Life Fear, ils en ont fabriqué un avec les mots Hope et Life.


Enrubanner un corps avec les mots Espoir et Vie : c'est faire preuve du cynisme le plus cruel !

GEORGE :  Le policier a vite compris que nous n'avions rien à voir là-dedans. Mais si la fille avait été retrouvée dans un sac en plastique de Sainsbury, jamais la police ne serait venue interroger le directeur de Sainsbury.
GILBERT : Et certains journalistes, comme ceux de l'Evening Standard, ont suggéré que nous étions presque responsables...
GEORGE : ... que les artistes traitant de tels sujets sont suscpetibles d'encourager ces comportements...
GILBERT : Nos images comme appels au meurtre ? C'est très drôle. Dans le Daily Times, Richard Cook, un journaliste établi, a dit à cette occasion, et pour la première fois, que nous étions les artistes les plus téméraires au monde...
GEORGE : ... que nous avons évoqué tous les sujets que les gens rencontrent un jour dans leur vie, tous les désastres...
GILBERT : Ce fut la première et la dernière fois qu'il nous fit ce compliment. Encore que, replacé dans le contexte, c'était à double tranchant !



Extrait de GILBERT & GEORGE Intime conversation avec François Jonquet,
Éditions Denoël, 2004, p 343

illustration exraite de la même page ©Gilbert & George

gilbert-george2.jpg 
                   
                   

lundi 18 juin 2007

Christophe de BRESSIEUX

  Christophe de BRESSIEUX
galerie Tanya Haddad
jusqu'au
21 juillet 2007


de-bressieux-200.jpg Christophe de Bressieux est un artiste qui a montré  peu de choses jusqu'à présent, si ce n'est dans des lieux assez inhabituels ou dans des circonstances  souvent particulières. Son travail se caractérise par une production  éclectique et particulièrement énigmatique dans ses centres d'intérêt et la mise en scène de ses œuvres.
La galerie Tanya Haddad lui donne aujourd'hui l'occasion de montrer des travaux purement photographiques d'une grande sobriété et d'une grande force. Il s'agit d'une série intitulée L'Envol de la Mésange présentant de très grands tirages du petit oiseau apparemment mort, sans blessure apparente. Une belle forme propre, délicate, où la notion d'espace est à la fois perturbée par l'immensité du sujet et la neutralité du fond. Les points de vue sont variés d'un tirage à l'autre et la mise au point est faite à chaque fois sur un détail différent de la mésange : tantôt une plume particulière de l'aile, tantôt le bec ou bien encore le duvet du ventre jaune ou le gris bleuté d'une patte.

Le titre de cette série est énigmatique :
L'Envol de la Mésange. Il y a en effet une contradiction à nommer "envol" une représentation figée et définitivement figée puisqu'il s'agit d'un petit animal sans vie. Nous sommes vraisemblablement en présence d'une des nombreuses variantes des Vanités si chères au XVIIe siècle. Le précieux petit animal aux couleurs délicates dont la particularité est de voler -chose que l'homme ne fera jamais- est pétrifié, figé dans la mort, tout en gardant à la fois son intégrité physique et toute l'étendue de sa séduction.
La taille exagérément grande de l'oiseau représenté sur les tirages renvoie à l'échelle humaine et le spectateur à ses propres interrogations. Et c'est bien là que ce travail exerce une grande force dans sa retenue, sa sobriété et son pouvoir de conviction.
                   
                   
photographie de l'auteur
(
œuvres : photographies couleur sous diasec)

galerie Tanya Haddad,
7
place Jean Grandel,92230 Gennevilliers
jusqu'au 21 juillet 2007

Commentaires

Je ne connaissais pas le travail de cet artiste, mais la description qui en est faite ici me pousse à en savoir davantage.
Merci pour cette découverte !
Commentaire n°1 posté par Thilo le 19/06/2007 à 15h23
C’est un artiste assez surprenant : j’avais vu, il y a deux/trois ans, une expo intitulée «Les inmontrables» à Dieppe où il présentait des tirages photographiques un peu mal fichus montrant des boîtes de purée ou de nouilles alignées sur des rayons dans un hypermarché  et l’on repérait sur ces paquets des petites illustrations ou de petites photos collées furtivement par ses  soins sur certains emballages et en total décalage avec le produit vendu. Dans l’expo, à côté des photos épinglées au mur était écrit : «Suite de l’expo, rayon démaquillants (ou pates alimentaires, ou autre), supermarché Auchan, Dieppe.»
Il existe aussi une vidéo (que je n’ai pas vue) qu’il a tournée dans un chenil ou à la SPA montrant des plans de chiens qui hurlent, et au montage il a intercalé des airs d’opéra filmés chantés par des ténors et des cantatrices connus. C’est paraît-il à la fois drôle et inquiétant.
Commentaire n°2 posté par espace-holbein le 20/06/2007 à 07h22
                   

samedi 16 juin 2007

Gerda TARO

   Gerda Taro

L'ombre d'une photographe, Gerda Taro
François Maspero
Éditions du Seuil, collection «Fiction & Cie», mars 2006


taro1-200.jpg C'est l'histoire d'une très belle figure, celle d'une femme libre et engagée ; une figure oubliée.

Gerda Taro va avoir vingt-sept ans. Gerda, reporter-photographe, est tuée sur la route de Madrid alors qu'elle ramène le reportage qu'elle a fait des violents combats qui viennent de se dérouler à Brunete. On est le 25 juin 1937.

Gerda est cette femme au visage d'ange qui a partagé un temps la vie de Robert Capa ; ils ont travaillé ensemble et vécu les mêmes terreurs, les mêmes joies, les mêmes émotions. Son souvenir n'est malheureusement resté que dans l'ombre du «plus grand reporter de guerre de tous les temps».

François Maspero fait revivre, dans ce très beau livre, le destin éblouissant de cette femme née à Stuttgart, militante anti-fasciste, qui va quitter l'Allemagne pour voyager en France, va croiser Aragon, Nizan, Brecht, Anna Seghers, John Heartfield, Koestler, Hemingway, Dos Passos et d'autres encore, s'engager passionnément aux côté des républicains espagnols tout en étant correspondante, notamment, du quotidien communiste Ce soir et en fournissant des témoignages photographiques de première main  à des parutions de l'époque comme Regards ou Vu.

L'ouvrage débute sur une fiction, un épisode où l'on voit François Maspéro interviewant chez elle une vieille dame qui ne photographie que des chats, une dame encore vive pour ses quatre-vingt-dix ans passés, entourée de photographies jaunies, une Gerda Taro qui ne serait pas morte sur une route d'Espagne en 1937, quelques jours avant son anniversaire.

C'est en septembre 1934 que Gerta Pohorylle -qui va devenir Gerda Taro-  rencontre André Friedmann, le pas encore Robert Capa. Un sans le sou mais plein de charme. D'elle, on dira que «la séduction qu'elle exerçait ne venait pas seulement de sa beauté féminine. C'était une femme intelligente et cultivée qui impressionnait par son naturel et sa spontanéité.»* C'est à cette époque -1935- qu'elle débute et apprend la photographie.
Et puis elle va inventer Robert Capa ! Une idée loufoque qui va devenir un coup de génie dit Maspero : «Un jeu qui est bien dans leur caractère à tous deux : créer un personnage, celui d'un photographe américain, riche et célèbre outre-Atlantique -exactement le rêve d'André-, venu un temps travailler en Europe. Cher, bien entendu. Beaucoup plus cher que le tâcheron André Friedmann. Celui-ci se chargera de faire les photos, et elle de les vendre, grâce aux relations et au savoir-faire acquis à Alliance. (agence au sein de laquelle œuvrait Gerda). A ce personnage, il faut donner un nom : ce sera Robert Capa.»**

Et l'on sait ce que deviendra ce nom. Et c'est de ce nom générique qu'il signeront dans un premier temps leurs photographies, si bien qu'un certain nombre d'entre elles sont difficiles à attribuer. Plus tard Gerda signera de son nom ces prises de vues humanistes qui sont des prises de risques constants. Sa courte vie fourmille de rencontres, d'anecdotes, d'engagements  que François Maspero nous fait partager avec beaucoup d'empathie.

Si ce n'était les bombes, la fréquentation quotidienne de la mort et la période trouble, on aurait aimé la croiser.

                   
                   
                   
photographies de Robert Capa, 1937, extraites de l'ouvrage de François Maspero, L'ombre d'une photographe, Gerda Taro, Éditions du Seuil, mars 2006,  p 67
* extrait de l'ouvrage, p 47
** ibid, p 50



  
L'ombre d'une photographe, Gerda Taro,  François Maspero
Éditions du Seuil, collection «Fiction & Cie», mars 2006

                   

Commentaires

¡ No Pasaran !
;-)
Une grande photographe, oui ! (revoir les numéros de VU...)
Commentaire n°1 posté par laurence le 17/06/2007 à 13h30
                   

lundi 11 juin 2007

David ROSENFELD

  David RosenfeldLes Antérieures. Les Contemporaines
galerie Alain Gutharc
jusqu'au 21 juillet 2007


rosenfeld2-200.jpg «Si le regard du modèle se pose sur moi (une photographie trop directe), s'il n'a plus la gravitation qu'il me promettait (l'errance du regard), alors je ne trouve plus le chemin de la grâce. Il faut que le regard du modèle s'égare pour que je m'égare à mon tour, devant l'image.»

David Rosenfeld*


David Rosenfeld
montre actuellement, à la galerie Alain Gutharc à Paris, ses deux dernières séries de photographies, Les Antérieures et Les Contemporaines, après une présentation de son travail à l'École supérieure d'art et de design d'Amiens en mai 2007.

La démarche de cet artiste relève de la plus grande exigence. Il s'agit d'une démarche que l'on pourrait qualifier de soustractive : il fera des milliers de prises de vue pour n'en retenir que quelques dizaines. Son travail consiste à élaguer, à extraire le surperflu, à désencombrer, à soustraire de la matière du brut comme le ferait un sculpteur. Et d'ailleurs la proximité de ce travail de photographe et de celui du sculpteur reste extrêmement frappante lorsque l'on visite l'exposition. La tête du modèle est «posée» : elle pose, s'absente dans la pose, et repose à la manière d'un Brancusi. Le motif du basculement est là pour nous indiquer subtilement la matérialité de l'objet photographié,  pour lequel nulle psychologie n'est requise. David Rosenfeld, dans l'accumulation de ses prises de vue, attend le moment d'oubli, d'évanescence, l'informulable de l'instant qu'il va fixer parmi tant d'autres.

Ce travail est le contraire d'une production à la mode, d'une esthétique du sensationnel ou du spectaculaire qui ont eu tendance à envahir les espaces qui montrent habituellement de la photographie.

                   
rosenfeld3-100.jpg rosenfeld8-100.jpg rosenfeld5-100.jpg rosenfeld6-100.jpg rosenfeld7-100.jpg
                   

Le photographe, même si ses goûts personnels vont plutôt du côté d'une certaine photographie américaine exigeante (Diane Arbus, Ralph Eugene Meatyard, Walker Evans ou encore Richard Avedon),  connaît bien ses contemporains.
Et Dominique Baqué, dans la remarquable préface qu'elle fait au catalogue de l'exposition d'Amiens, indique non sans humour, que pour lui la photographie «plasticienne» est exclue :
«C'est que Rosenfeld, écrit-elle, solitaire, insulaire, s'en moque et construit une œuvre étonnament personnelle tant elle échappe à tout courant, toute mouvance et, bien plus encore, à tout effet de mode. Intemporelle, à sa manière, comme ses modèles, dont les visages semblent traverser l'Histoire, rétifs à tout ancrage dans la contemporanéité.»*
Plus loin, dans le même texte, Dominique Baqué note : «Rosenfeld, au fur et à mesure qu'il multiplie les prises de vue, jusqu'à n'en plus pouvoir -jusqu'à la zone blanche du regard et, je le suppose, jusqu'à l'épuisement ébloui du modèle -, induit à l'intérieur de chaque série d'infimes variations que seul un regard extrêmement  attentif peut saisir. D'où l'effort requis, et consenti, par le regardeur : ici une boucle de cheveux a chu, le regard s'est très légèrement abaissé ; là le cou a pivoté de quelques centimètres, le visage s'est à peine redressé ; ailleurs encore, le modèle semble avoir étrangement vacillé, et son regard comme «glissé»... *


Cette œuvre, on l'aura compris, exige énormément de celles et ceux qui souhaitent l'aborder dans toute sa complexité et dans toute sa richesse.
Il convient de prendre le temps ; le temps du silence et de la délectation.

 
                   
* Catalogue de l'exposition  Les Antérieures et Les Contemporaines, qui s'est tenue à  l'École supérieure d'art et de design d'Amiens en mai 2007. Extrait du texte  L’Errance et la grâce, 2006, Dominique Baqué


-image : Les Antérieures 1 ©David Rosenfeld,
catalogue de l'exposition de l'Esad, Amiens, mai 2007
-photographies de l'auteur, galerie Alain Gutharc

 
www.david-rosenfeld.com
                   
galerie Alain Gutharc, 7 rue St-Claude, Paris 75003
jusqu'au 21 juillet 2007


Commentaires

Les goûts personnels de Rosenfeld (Arbus, Evans...) se portent pourtant sur des photographies pour lesquelles le regard du modèle est souvent direct... N'empêche, j'irai sûrement la voir cette expo :-) DOminique Baqué : je croyais que c'était un homme... Elle, donc ? ;-)
Commentaire n°1 posté par laurence le 11/06/2007 à 21h25
Oui, c'est vrai ce que tu dis sur les photographes cités. Pour David Rosenfeld, la relation au modèle est une chose vraiment importante.

Pour ce qui concerne Dominique Baqué, il s'agit bien d'une femme, évidemment !  J'ai eu l'occasion de la croiser plusieurs fois et de l'entendre dans des conférences : c'est quelqu'un de vraiment bien.
Commentaire n°2 posté par espace-holbein le 12/06/2007 à 12h33
oui, j'irai! la visite du site m'a fait penser à Rohmer, peut-être aussi à cause des titres des séries..
Commentaire n°3 posté par Ch le 12/06/2007 à 23h00
Ch : prendre le temps ; une belle visite s'annonce...
Commentaire n°4 posté par espace-holbein le 14/06/2007 à 23h27
                   

samedi 9 juin 2007

Persée

  Persée


Persée, Perseús, «le pilleur», fils de Zeus et de Danaé
perseus-200.jpg
Dans la ville d'Argos, se dressait une haute tour d'airain aux fenêtres closes d'épais barreaux. Dans cette lugubre prison, Danaé, pleurait à chaudes larmes, car son père le roi Acrisios, avait décidé de l'enfermer à jamais, après avoir été averti par un oracle qu'il serait tué par son petit-fils. En emprisonnant sa fille, loin de toute présence humaine, il espérait éviter ce destin. Pourtant, une nuit, à travers l'étroit espace qui sépare les barreaux, se mit à tomber une pluie d'or.
 C'était Zeus, qui ainsi métamorphosé, pénétra dans la chambre de la princesse pour la séduire. Lorsque Danaé mit au monde un fils, Persée, Acrisios entra dans une rage folle. Il renonça cependant à tuer sa propre fille et son petit-fils, mais il les enferma dans un coffre qu'il jeta à la mer.

Ils dérivèrent jusqu'à l'île de Sérifos, où ils furent secourus par un pêcheur généreux, Dictys (« filet »), qui était en fait le frère du roi de l'île, Polydectès. Persée y grandit jusqu'à l'âge adulte sous les soins de Dictys. Polydectès s'éprit de Danaé, ce qui irrita Persée qui fit bonne garde autour de sa mère. Aussi Polydectès chercha-t-il un moyen d'écarter le jeune homme devenu gênant. Il imagina alors d'imposer un tribut en chevaux aux habitants de l'île ou, selon certaines versions, il destina ces présents à Hippodamie de Pise, qu'il prétendait vouloir épouser. Persée ne possédait pas de chevaux, mais il lui offrit de lui apporter tout autre chose que le roi souhaitât, ce qui allait exactement selon les plans de Polydectès. Il lui donna la tâche presque irréalisable d'aller chercher la tête de la Gorgone Méduse, monstre dont le regard change les hommes en pierre.

Athéna, qui haïssait Méduse car celle-ci s'était unie à Poséidon dans un temple qui lui était consacré, apparut à Persée et lui enseigna ce qu'il avait à faire. Tout d'abord, elle lui offrit un bouclier dont l'intérieur était poli comme un miroir pour lui éviter d'être pétrifié par un regard direct avec l'horrible Gorgone qu'il finit par décapiter.

Mythologie grecque

         
La Disparition, est le livre fameux de Georges PEREC paru en 1969. Il s'agit d'un roman lipogrammatique pour lequel PEREC s'est débarrassé de la lettre E. Exercice extraordinaire s'il en est : un livre sans E .
S
ans eux ? Qui ? Ses parents ? PEREC l'orphelin. On cherche toujours pourquoi sans E. Beaucoup d'hypothèses. PEREC aimait les mots, leur sonorité.
Une piste de plus (aussi farfelue et hasardeuse que les autres) :

PEREC sans E = PRC. Péercé / percé/ Père C (on peut toujours chercher qui serait "C") / Persée.

PEREC né d'un dieu, d'une pluie d'or ; PEREC au regard malin qui domine Méduse et évite d'être pétrifié ;
PEREC qui se donne «des tâches presque irréalisables» ;  PEREC, «le pilleur»...



         
- image : Persée, constellation de l'hémisphère nord.
- texte Mythologie grecque extrait du site Wikipédia



Commentaires

Dans ma liste des 50 choses que j'aimerais faire avant de mourir (en fait, 49) : souhait n° 17 : "apprendre le nom des constellations - savoir les reconnaître."
y a du boulot !
Commentaire n°1 posté par laurence le 10/06/2007 à 17h01
Donc toi, tu es franchement décidée à mourir ?
C'est constelnant !

;-)
Commentaire n°2 posté par holb le 10/06/2007 à 22h06
Ouais, mais pas avant d'avoir fait les 49 + 1 (pas encore décidée) choses à faire avant de mourir. Déjà, les constellations, je vais y passer du temps ! Et c'est pas demain la veille que je pourrais observer une vraie baleine vivante dans la mer ! Quant à voir le rayon vert... dans la mesure où le soleil se couche à l'Ouest et qu'ici, j'habite dans les anciennement nommées Cotes du Nord... Je suis pas encore morte ;-)
Commentaire n°3 posté par laurence le 10/06/2007 à 23h06
tu peux enlever les lettres en trop (je pourraiS) et aussi les autres fautes, s'il y en a (sans doute) Je pourrai ajouter en 50ème chose : ne plus faire de fautes d'orthographe (mais il paraît que l'éternité c'est long, surtout vers la fin...-
Commentaire n°4 posté par laurence le 10/06/2007 à 23h07
ah ! là par contre, il fallait un S (je pourraiS)
j'arrête là...
Commentaire n°5 posté par laurence le 10/06/2007 à 23h09
Ta série de commentaires me fait penser à cette fameuse et géniale chanson de Gainsbourg sur les fautes d'orthographe...
Laisse, ce n'est pas bien grave.
Par contre, je sens que tu meures d'envie de nous livrer tes 49 (+1) choses (etc.) ; enfin ta liste, quoi ! Tu la mets sur ton blog ou tu la mets dans mes commentaires ?..
PS : c'est quoi une baleine ?  : fais vite, ça va finir par ne plus exister.
Commentaire n°6 posté par holb le 11/06/2007 à 09h28
Je la connais pas la chanson de Gainsbourg, mais sur qu'elle me plairait ! Non, non, les 50 ou 37 ou 49 choses, ça mérite d'être connu que quand c'est des gens célèbres qui les écrivent :-)
Commentaire n°7 posté par laurence le 11/06/2007 à 21h26
Rhoo... tu crois que les baleines vont finir par plus exister :-( ?? Pourtant avec notre nouveau ministre de l'écologie, qui roule en 4x4 (ah ouais, merdre, c'est mal parti...)
Expo de Salgado à la Gacilly. J'aime pas trop mais une photo impressionnante d'une queue de baleine. Ma moman dit que quand j'étais petite, elle nous avait emmenés voir une baleine morte - probablement échouée sur une plage bretonne. Ben je m'en souviens pas :-((
Commentaire n°8 posté par laurence le 11/06/2007 à 21h30
Laurence, chanson de Gainsbourg, "En relisant ta lettre"
J'ai le 33T dans mon grenier avec d'anciennes chansons du grand SG. Notamment Laetitia ; tu sais : " L-A,  E dans l'A.- T-I.-T- I-A. " Un grand moment.

Les baleines : là ça me fait penser à Yvan Dautin...
Commentaire n°9 posté par holb le 12/06/2007 à 12h22
Bon, j'ai quand même envie de les connaître tes 49 choses (pas d'excès de modestie ;-) = Tu me les enverras en "private mail" peut-être ?
Pour Salgado, pareil.
Commentaire n°10 posté par holb le 12/06/2007 à 12h27
Ah oui, la chanson de Gainsbourg, elle est juste pour moi :-) élaeudanlatéïtéïa je connais quand-même ! J'en ai plein, des albums de Gainsbourg (mais aucun avec cette chanson). Quand j'avais 15 ans, j'avais même enregistré une émission géniale (K7 hélas perdue depuis...) dans laquelle il chantait notamment des chansons inédites : "les anthropophages se font des p'tits ragouts j'en prendrai juste un doigt moi juste pour le goût".
les 49 : euh... avec le DVD, alors ?! mais version expurgée ;-)
lu aujourd'hui, pour le boulot, un texte où il est question des miracles de la vie à propos de la fille de la Pasionaria : rigolo, non ?
Commentaire n°11 posté par laurence le 13/06/2007 à 19h34