samedi 16 juin 2007

Gerda TARO

   Gerda Taro

L'ombre d'une photographe, Gerda Taro
François Maspero
Éditions du Seuil, collection «Fiction & Cie», mars 2006


taro1-200.jpg C'est l'histoire d'une très belle figure, celle d'une femme libre et engagée ; une figure oubliée.

Gerda Taro va avoir vingt-sept ans. Gerda, reporter-photographe, est tuée sur la route de Madrid alors qu'elle ramène le reportage qu'elle a fait des violents combats qui viennent de se dérouler à Brunete. On est le 25 juin 1937.

Gerda est cette femme au visage d'ange qui a partagé un temps la vie de Robert Capa ; ils ont travaillé ensemble et vécu les mêmes terreurs, les mêmes joies, les mêmes émotions. Son souvenir n'est malheureusement resté que dans l'ombre du «plus grand reporter de guerre de tous les temps».

François Maspero fait revivre, dans ce très beau livre, le destin éblouissant de cette femme née à Stuttgart, militante anti-fasciste, qui va quitter l'Allemagne pour voyager en France, va croiser Aragon, Nizan, Brecht, Anna Seghers, John Heartfield, Koestler, Hemingway, Dos Passos et d'autres encore, s'engager passionnément aux côté des républicains espagnols tout en étant correspondante, notamment, du quotidien communiste Ce soir et en fournissant des témoignages photographiques de première main  à des parutions de l'époque comme Regards ou Vu.

L'ouvrage débute sur une fiction, un épisode où l'on voit François Maspéro interviewant chez elle une vieille dame qui ne photographie que des chats, une dame encore vive pour ses quatre-vingt-dix ans passés, entourée de photographies jaunies, une Gerda Taro qui ne serait pas morte sur une route d'Espagne en 1937, quelques jours avant son anniversaire.

C'est en septembre 1934 que Gerta Pohorylle -qui va devenir Gerda Taro-  rencontre André Friedmann, le pas encore Robert Capa. Un sans le sou mais plein de charme. D'elle, on dira que «la séduction qu'elle exerçait ne venait pas seulement de sa beauté féminine. C'était une femme intelligente et cultivée qui impressionnait par son naturel et sa spontanéité.»* C'est à cette époque -1935- qu'elle débute et apprend la photographie.
Et puis elle va inventer Robert Capa ! Une idée loufoque qui va devenir un coup de génie dit Maspero : «Un jeu qui est bien dans leur caractère à tous deux : créer un personnage, celui d'un photographe américain, riche et célèbre outre-Atlantique -exactement le rêve d'André-, venu un temps travailler en Europe. Cher, bien entendu. Beaucoup plus cher que le tâcheron André Friedmann. Celui-ci se chargera de faire les photos, et elle de les vendre, grâce aux relations et au savoir-faire acquis à Alliance. (agence au sein de laquelle œuvrait Gerda). A ce personnage, il faut donner un nom : ce sera Robert Capa.»**

Et l'on sait ce que deviendra ce nom. Et c'est de ce nom générique qu'il signeront dans un premier temps leurs photographies, si bien qu'un certain nombre d'entre elles sont difficiles à attribuer. Plus tard Gerda signera de son nom ces prises de vues humanistes qui sont des prises de risques constants. Sa courte vie fourmille de rencontres, d'anecdotes, d'engagements  que François Maspero nous fait partager avec beaucoup d'empathie.

Si ce n'était les bombes, la fréquentation quotidienne de la mort et la période trouble, on aurait aimé la croiser.

                   
                   
                   
photographies de Robert Capa, 1937, extraites de l'ouvrage de François Maspero, L'ombre d'une photographe, Gerda Taro, Éditions du Seuil, mars 2006,  p 67
* extrait de l'ouvrage, p 47
** ibid, p 50



  
L'ombre d'une photographe, Gerda Taro,  François Maspero
Éditions du Seuil, collection «Fiction & Cie», mars 2006

                   

Commentaires

¡ No Pasaran !
;-)
Une grande photographe, oui ! (revoir les numéros de VU...)
Commentaire n°1 posté par laurence le 17/06/2007 à 13h30
                   

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