GILBERT & GEORGE mêlés malgré eux à un meurtre |
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GEORGE : Il nous est arrivé une histoire invroyable. Nous revenions d'Athènes, complètement épuisés...
GILBERT : Á la fin d'une exposition, on est à plat. On trouve la porte de chez nous, sur les genoux. Mais chaque fois que nous pensons : «la vie est ennuyeuse», cela repart, quelque chose se passe...Tu ne crois pas George ? GEORGE : Cette fois-là, nous avons trouvé un fax, écrit à la main, de la police du New Yorkshire... Rien qu'à voir cet en-tête, cela faisait plutôt peur... «Chers Gilbert & George, nous souhaitons vous interroger sur un assassinat...une femme trouvée morte, assassinée, dans une valise, une femme recouverte d'un ruban adhésif dessiné par vous.» Ils sont venus nous interroger. GILBERT : Un choc ! GEORGE : Terrible. Première question : Est-ce qu'une de vos œuvres traite de la violence envers les femmes ?» Puis «Une de vos œuvres traite-t-elle de l'asservissement ?» J'ai failli dire non, à part Human Bondage I... et ... On en a tout une liste ! Donc j'ai juste dit «non». GILBERT : Comme la jeune fille était coréenne, il nous a demandé si nous fréquentions les milieux coréens... GEORGE : Mais tous les artistes sont mêlés au milieu coréen ! Nous avons tous des amis coréens ! Nous fréquentons tous des restaurants coréens! Nous y avons même un ami serveur. Le ruban adhésif venait de la boutique de la Tate : à partir de notre œuvre Death Hope Life Fear, ils en ont fabriqué un avec les mots Hope et Life. Enrubanner un corps avec les mots Espoir et Vie : c'est faire preuve du cynisme le plus cruel !
GEORGE : Le policier a vite compris que nous n'avions rien à voir là-dedans. Mais si la fille avait été retrouvée dans un sac en
plastique de Sainsbury, jamais la police ne serait venue interroger le directeur de Sainsbury.
GILBERT : Et certains journalistes, comme ceux de l'Evening Standard, ont suggéré que nous étions presque responsables... GEORGE : ... que les artistes traitant de tels sujets sont suscpetibles d'encourager ces comportements... GILBERT : Nos images comme appels au meurtre ? C'est très drôle. Dans le Daily Times, Richard Cook, un journaliste établi, a dit à cette occasion, et pour la première fois, que nous étions les artistes les plus téméraires au monde... GEORGE : ... que nous avons évoqué tous les sujets que les gens rencontrent un jour dans leur vie, tous les désastres... GILBERT : Ce fut la première et la dernière fois qu'il nous fit ce compliment. Encore que, replacé dans le contexte, c'était à double tranchant ! Extrait de GILBERT & GEORGE Intime conversation avec François Jonquet, Éditions Denoël, 2004, p 343 illustration exraite de la même page ©Gilbert & George |
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