mardi 18 juillet 2006

Une photographie d'Arles


Les Rencontres d'Arles 2006...(1)
juillet 2006


C'est à Raymond Depardon qu'a été confié cette année le commissariat des Rencontres de Photographie d'Arles. Le rôle du commissaire d'exposition est déterminant puisque c'est autour de sa personnalité, de ses goûts, de ses amitiés que va se construire pendant un temps donné une manifestation traitant de la photographie et qui est une des plus importantes en France.
Raymond Depardon est une personnalité hors du commun. C'est quelqu'un qui a un parcours exceptionnel : grand reporter, membre important de l'agence Magnum, d'origine modeste il est un grand inventeur de formes. Depardon est quelqu'un qui réfléchit sur ce qu'il fait et qui fait preuve d'un grand respect du monde et des gens avec lesquels il entre en contact. Que ce soit avec ceux qui sont les plus simples, ou avec les plus grands. Un oeil toujours curieux le caractérise. Il sait interroger sa pratique et aime communiquer sur son métier.
Une sorte de mosaïque-portrait de Raymond Depardon se dessine ainsi progressivement au fur et à mesure que l'on progresse dans la visite des expositions de ces Rencontres. Les "maîtres" et les amis du commissaire sont tous là. Ils appartiennent quasiment tous au monde du reportage ou , pour le dire autrement, à une certaine tradition de la photographie de presse ou bien de la photographie que l'on peut appeler documentaire. Très peu de photographie réellement contemporaine (le terme "contemporain" relève, pour moi, d'une attitude et ne se réfère pas simplement à une chronologie), à l'exception toutefois du cas de Sophie Ristelhueber dont je parlerai un peu plus tard.
Nous avons évidemment beaucoup de plaisir à re-voir les beaux tirages de Gary Winogrand, de Robert Frank, ou de William Eggleston ; la présence sympathique de Guy Le Querrec, de Jean Gaumy ou même de Sarah Moon, nous donne l'impression d'appartenir à un groupe d'amis, mais la soif de découvrir n'est pas récompensée. Et là, se pose la question plus générale de la fonction et de la vocation d'une telle manifestation qui a une renommée internationale : les Rencontres d'Arles de la session 2006 ont été conçues et organisées du point de vue de la Célébration (célébration des maîtres, notamment dans l'exposition La Photographie américaine à travers les collections françaises et célébration des amis proches et des "proches esthétiquement" de Raymond Depardon qui essaiment ainsi toute cette manifestation). Mais cela est-il suffisant ? Nous avons plus la sensation de nous promener dans les pièces d'un musée réactivant dans nos mémoires des souvenirs agréables que dans des lieux présentant (comme cela devrait être le cas pour une manifestation annuelle) des artistes représentatifs d'un dynamisme lié à ce médium, quand on sait que la photographie connaît régulièrement des bouleversements tant dans les objets qu'elle présente que dans les usages que l'on en fait.
Un usage patrimonial, teinté d'une certaine nostalgie de ce que pouvait être la photographie a été cette année privilégié mais cela ne risque-t-il pas, à terme, de mettre en péril ces Rencontres qui ont déjà subi des critiques allant dans ce sens ? Ne faudrait-il pas redéfinir la vocation de ces journées qui restent néanmoins importantes pour qui s'intéresse à la Photographie ?
affichette (situationniste ? ) placardée dans Arles

Les Rencontres d'Arles

photographies de l'auteur

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