mardi 6 juin 2006

Cézanne, Courbet : femmes et fruits

2006 : Année Cézanne. Commémoration du centenaire de la mort de Paul Cézanne

Trois poires, Paul Cézanne, 1888-90
Henry and Rose Pearlman Collection
L'origine du monde, Gustave Courbet, 1866, Musée d'Orsay
Et si Cézanne avait confondu les femmes et les fruits, poses vivantes et natures mortes ?
Cézanne, on le sait, admirait Courbet.

Pour Courbet, qui n'accordait dans son art qu'une place mineure à la nature morte, tout en faisant passer une partie de sa sensibilité dans la manière de rendre tout ce qui est matière dans la nature -la fourrure, la pierre, le bois, le métal et le feuillage- avec un poids et une profondeur que seule une vision amoureuse des choses pouvait évoquer, pour Courbet donc, je crois que les énormes pommes qu'il a peintes pendant son incarcération après la Commune, ne remplaçaient pas seulement les visages familiers et le monde extérieur dont il était coupé ; on pourrait les voir plus poétiquement encore comme l'illustration littérale d'une phrase de son vieil ami le poète Buchon, franc-comtois comme lui, qui avait dit de Courbet "qu'il produit ses oeuvres aussi simplement qu'un pommier produit des pommes" - jugement qui prônait également les vertus de son caractère provincial, sa naïveté, sa robustesse, sa force paysanne, toutes qualités qu'il a données aussi à ses fruits.
Style, artiste et société, les pommes de Cézanne,
Meyer Schapiro, Éditions Gallimard, Paris, 1982, p 218

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