UNE MANIFESTATION TRIENNALE, 200 ARTISTES, 7 000 m2 SOUS LA NEF DU GRAND PALAIS, jusqu'au 25 juin 15 POINTS DE VUE SUR L'ART D'AUJOURD'HUI |
|||
Cette Force de l'art qui joue la Force des mots m'a incité à me planter devant les chats, et à tenter de les regarder dans les yeux (pas de bol, l'un a les yeux fermés, l'autre, celui qui se fait traverser le corps, me tourne le dos) et de leur répéter, en boucle : Séchas et ses chats, Séchas et ses chats, Séchas et ses chats, Séchas et ses chats, Séchas et ses chats...Répétez, allez répétez sans vous arrêter. Ouais, ça vient... Ils me font rire, ses chats à Séchas. Ils sont propres, en bonne santé, bien faits ; pas comme ses dessins qui jouent le mauvais goût, la vanne obscène ou premier degré (mais drôles, quand même). |
|||
Et là, ça prend même de la hauteur : Monument pour Jacques Lacan. La mise en espace pensée par Xavier Veilhan les met réellement à une place d'honneur. L'absurde intégré. Mais c'est pas le sujet. Ou, pas tout à fait, en fait. Pour ce dernier billet sur la Force de l'art, je voulais balayer autour des chats, récupérer dans ma petite pelle tous les miscellaneous, les petites scories, les croquettes abandonnées, et autres déchets de litière. | |||
C'est vrai que ça fait un drôle d'effet de revoir ces gilets Buren habiller les gardiens. La nostalgie de la belle époque, bien radicale, pétrie d'idéaux, provoque un sourire...triste. Le respect pour Buren nous empêche de déployer du mauvais esprit. | |||
Premier texte d'une série sur l'analyse des fonctions des institutions. Publié en anglais à l'occasion de l'exposition dénommée par erreur Sanction of the Museum au Museum of Modern Art d'Oxford. in catalogue Sanction of the Museum, Oxford : Museum of Modern Art, 1973, repris in Buren, Daniel, Les Écrits, (1965-1990), tome I : 1965-1976, p. 169-173
|
Des Buren qui se promènent ou sont assis cachés derrière des Claude Closky ? --------------- à droite-----> --------------- |
La non-visibilité ou non nomination/révélation des supports d'une oeuvre quelconque (châssis de l'oeuvre, place de l'oeuvre, socle de l'oeuvre, cadre de l'oeuvre, verso de l'oeuvre, prix de l'oeuvre, etc.) n'est donc pas sans intérêt ou sans intention, « naturelle » comme on voudrait nous le faire croire, mais bien un masque intéressé et significatif, un camouflage qui est consciemment entretenu et préservé avec toutes les forces dont elle peut disposer et par tous les moyens par l'idéologie Bourgeoise même, c'est-à-dire la transformation « de la réalité du monde en image du monde, de l'Histoire en Nature » New York, octobre 1970 |
|
Pierre Soulages |
Certaines oeuvres ne doivent pas être approchées : des valeurs sûres ; un périmètre de sécurité est délimité au sol. |
||
Roman Opalka | Ici la ligne est rouge et grasse. Les toiles récentes (impressionnantes) de Roman Opalka sont pourtant peintes blanc sur blanc : invisibilité assurée. |
||
Simon Hantaï |
Cette magnifique toile d'Hantaï est en revanche reléguée piteusement dans un recoin, pourquoi ? |
||
Xavier Veilhan |
Heureusement la garde républicaine domine et veille sur l'art : c'est la Force. |
||
A l'extrême gauche : un Mickey rose et aveugle d'André (rien d'autre ?)= pour la joie des enfants. Objet sympa. Au centre : la Corse vue par Annette Messager (rappelez-vous le 1er billet, Faire des cartes de France) A droite : sur l'affiche, la tête d'un gus qu'on voit depuis des années dans les petites annonces d'Artpress (il ne vieillit pas) |
|||
La peinture de Djamel Tatah, toujours aussi ennuyeuse. J'ai, à nouveau, regardé de près, de loin, à nouveau de très près : c'est fait avec de la peinture mais où est la peinture ?
Phénomène de mode ? |
|||
Une sculpture de Delphine Coindet.
Entre design et architecture, Delphine Coindet cherche à redéfinir le statut de l'oeuvre, hors de la notion d'efficacité ou d'usage. Les objets qu'elle crée n'ont aucune utilisation, ils ne sont que la mise en réel du dessin c'est-à-dire du projet artistique. Entre virtuel ou réel, l'artiste impose des passages à l'oeuvre, confrontant l'image à sa réalisation. La bouche d'égout fait partie de l'oeuvre ? Pourquoi pas plus d'exigence dans la mise en espace des oeuvres ? |
|||
Pour terminer, redonnons la parole à Daniel Buren : |
|||
Exposition d'une exposition
De plus en plus le sujet d'une exposition tend à ne plus être l'exposition d'œuvres d'art, mais l'exposition de l'exposition comme œuvre d'art. Ici, c'est bien l'équipe de Documenta, dirigée par Harald Szeemann, qui expose (les œuvres) et s'expose (aux critiques). Les œuvres présentées sont les touches de couleurs – soigneusement choisies – du tableau que compose chaque section (salle) dans son ensemble. Il y a même un ordre dans ces couleurs, celles-ci étant cernées et composées en fonction du dess(e)in de la section (sélection) dans laquelle elles s'étalent/se présentent. Ces sections (castrations), elles-mêmes « touches de couleurs » – soigneusement choisies – du tableau que compose l'exposition dans son ensemble et dans son principe même, n'apparaissent qu'en se mettant sous la protection de l'organisateur, celui qui réunifie l'art en le rendant tout égal dans l'écrin-écran qu'il lui apprête. Les contradictions, c'est l'organisateur qui les assume, c'est lui qui les couvre. Il est vrai alors que c'est l'exposition qui s'impose comme son propre sujet, et son propre sujet comme œuvre d'art. L'exposition est bien le « réceptacle valorisant(1) » où l'art non seulement se joue mais s'abîme car si hier encore l'œuvre se révélait grâce au Musée, elle ne sert plus aujourd'hui que de gadget décoratif à la survivance du Musée en tant que tableau, tableau dont l'auteur ne serait autre que l'organisateur de l'exposition lui-même. Et l'artiste se jette et jette son œuvre dans ce piège, car l'artiste et son œuvre, impuissants à force d'habitude de l'art, ne peuvent plus que laisser exposer un autre : l'organisateur. D'où l'exposition comme tableau de l'art, comme limite de l'exposition de l'art(2). Ainsi, les limites créées par l'art lui-même pour lui servir d'asile, se retournent contre lui en l'imitant, et le refuge de l'art que ses limites constituaient, se révèle en être la justification, la réalité et le tombeau. Février 1972 1. In catalogue 18 Paris IV 70, post-face par Michel Claura. 2. Cf. « Rahmen » in Position Proposition, livre édité par le Musée de Mônchengladbach, janvier 1971.
Sur le fonctionnement des expositions, à propos de Documenta 5.
in catalogue Documenta 5, Cassel , 1972, section 17, p. 29, 2 ill., repris in Buren, Daniel, Les Écrits (1965-1990), Tome I : 1965-1976, Bordeaux, capcMusée d'art contemporain, 1991, p. 261-262 Exposition d'expositions....Rappel à l'actualité. Toujours d'actualité. Une réflexion à poursuivre sur le rôle du commissaire d'exposition et sur le rôle de l'artiste. |
|||
photographies de l'auteur | |||
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire