«La toile représente une vaste pièce rectangulaire, sans portes ni fenêtres apparentes dont les trois murs visibles sont entièrement couverts de tableaux.» «Au premier plan, à gauche, à côté d’un petit guéridon garni d’un napperon de dentelle sur lequel sont posés une carafe de cristal taillé et un verre à pied, un homme est assis dans un fauteuil capitonné de cuir vert sombre, de trois quart dos par rapport au spectateur. C’est un vieil homme à l’abondante chevelure blanche, au nez mince chaussé de lunettes aux montures d’acier. On devine plus que l’on ne voit vraiment les traits de son visage, sa pommette striée de couperose, sa moustache épaisse débordant largement de sa lèvre supérieure, son menton osseux et volontaire. Il est vêtu d’un peignoir gris dont le col châle s’agrémente d’un fin liseré rouge. Un gros chien roux à poil ras, partiellement masqué par le bras du fauteuil et par le guéridon, est couché à ses pieds, apparemment endormi.» «Plus de cent tableaux sont rassemblés sur cette seule toile, reproduits avec une fidélité et une méticulosité telles qu’il nous serait tout à fait possible de les décrire tous avec précision. La seule énumération des titres et des auteurs serait non seulement fastidieuse mais dépasserait largement le cadre de cette notice. Qu’il nous suffise de dire que tous les genres et toutes les écoles de l’art européen et de la jeune peinture américaine sont ici admirablement représentés, les sujets religieux aussi bien que le scènes de genre, les portraits comme les natures mortes, les paysages, les marines, etc. et laissons aux visiteurs le plaisir de découvrir, de reconnaître, d’identifier le Longhi ou le Delacroix, le Della Notte ou le Vernet, le Holbein ou le Mattei, et d’autres chefs-d’œuvre dignes des plus grands musées européens que l’amateur Raffke, intelligemment conseillé par d’éminents experts, a su découvrir lors de ses voyages.»
Georges PEREC
Un Cabinet d'Amateur, Éditions Balland, 1979, p16
Georges Perec va évoquer, décrire certains de ces tableaux et va se fondre dans la langue de ceux qui sont amenés à parler d’art, en passant en revue les tics de pensée et de langage que nous rencontrons dans les écrits des critiques d’art : de la description clinique à l’évocation psychologique en transitant par l’analyse historique ou la volonté d’empathie liée à l’émotion procurée par les œuvres…
J'en parle demain (vraisemblablement.) |
Tu as vu pourquoi les dernières phrases des livres m'intéressent ? ;-)
http://holbein.free.fr/
et aller voir «les faux» (en écriture...)
J'aurais tant aimé rencontrer Perec. Mais la timidité m'aurait pétrifié...
Vaut mieux pas, je me serais senti vraiment con devant lui !
George Perec... qui vécu dans le 20ème arrondissement de Paris jusqu'à l'âge de 6 ans.. rue Vilin, plus précisement au numéro 24 où sa mère tint un salon de coiffure.
Ironie de l'histoire , la rue Vilin devait disparaitre sous les bulldozers le 4 mars au matin pour laisser la place aux pelouses et aux arbres du parc de Belleville.. le lendemain de la mort de George Perec , le 3 mars 1982.
Space canard a vu juste car pour aujourd'hui (29 décembre) j'avais prévu de mettre en illustration une planche contact de la rue Vilin, où a vécu effectivement le petit Georges.
Photo sympa ; et la vieille dame, derrière, qui passe en regardant l'objectif. Au fait, y a-t-il des descendants de la vieille dame qui ont pu reconnaître leur mémé photographiée avec G. Perec ? ;-)