Le Cabinet du Docteur Caligari ombres |
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L'Expressionnisme allemand est une nébuleuse trouble qui échappe à toute définition et qui malgré tout est identifiable, au moins dans certaines de ses composantes lorsque celles-ci apparaissent. Il y a, paraît-il, assez peu de films réellement expressionnistes. En voici un. | ||||
L’exposition qui se tient actuellement à la cinémathèque de Paris tente avec succès et finesse de dessiner les contours de cet expressionnisme au cinéma. On s'aperçoit que par facilité, certains auteurs, certains critiques, appellent souvent «expressionniste» un cinéma qui ne l'est pas. Beaucoup de films sont rangés dans cette catégorie par commodité parce que le réalisateur est allemand, vaguement de l'époque ou bien que certains traits esthétiques renvoient aux films expressionnistes identifiés comme tels. Mais il en est un dont on est sûr qu’il est bien un film expressionniste, c’est Le Cabinet du Docteur Caligari de Robert Wiene. C’est peut-être même le seul film expressionniste, déclarait la semaine dernière un spécialiste dans une conférence qu’il tenait en marge de l’exposition.
La genèse du cinéma expressionniste est peut-être bien liée à la genèse de ce film de 1919. A l'origine de ce film étonnant, qui n'a jamais eu aucun équivalent dans l'histoire du cinéma malgré les vocations qu'il a fait naître, tant son succès a été retentissant (on parlera de «caligarisme» concernant de nombreuses productions ultérieures) il y a une rencontre, celle de deux jeunes intellectuels, Hans Janowitz et Carl Mayer qui décident d’écrire ensemble un scénario. Deux histoires personnelles vont être mélées : Janowitz pense avoir été témoin d’un crime sexuel à Hambourg et aurait reconnu le meurtrier présumé, un peu plus tard, à l'occasion de l'enterrement de la victime, semble-t-il. Carl Mayer, lui, a été traumatisé par le psychiatre militaire qui a tenté d’ébranler sa santé mentale. Il faut rappeler que l’on est dans le contexte du traumatisme de la guerre de 1914 lié au choc violent subi, et au pessimisme et à l’angoisse du quotidien. Dans Le Cabinet du Docteur Caligari , tout le drame est raconté par un fou à un autre fou et les personnages, les décors, subissent la déformation visuelle de l’œil de ce fou. * Et, en effet, dans ce contexte de chaos, il va se passer quelque chose d’étonnant pour un film : Bon, lecteur curieux, je ne te raconte pas tout, tout de suite. On verra demain. |
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* Cité d'après L'Avant-Scène, juillet/septembre 1975 (Spécial fantastique) p 10 | ||||
illustration : catalogue de l'exposition qui se tient à la Cinémathèque française (Paris),
Le cinéma expressionniste allemand, splendeurs d'une collection, Éditions de la Martinière, p 95 |
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