Le cinéma expressionniste à la Cinémathèque | ||||
Alors voilà, avant de quitter les ténèbres, je voulais quand même parler un peu de cette belle exposition à la Cinémathèque française qui s’intitule : Le cinéma expressionniste allemand - Splendeurs d'une collection. |
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Ce que je ne t’avais pas dit , lecteur, c’est que cette exposition est sous-titrée : Ombres et lumières avant la fin du monde…L'exposition tente avec succès et finesse de dessiner les contours de cet expressionnisme au cinéma.
La Cinémathèque française, dans ses nouveaux espaces, rue de Bercy nous a habitués à de beaux accrochages. Le dernier en date concernait l'œuvre du cinéaste espagnol Pedro Almodóvar et la scénographie mise en œuvre pour cette présentation du travail d’Almodóvar était de très grande qualité. Celle qui nous occupe actuellement répond aux mêmes exigences. Tout, jusque dans les moindres détails, est travaillé rigoureusement, avec intelligence et sensibilité. L’atmosphère si particulière de cette ambiance expressionniste est analysée soigneusement et retranscrite de manière à la fois mesurée, sensible et affective.
A la différence de l’exposition Almodóvar qui explosait de couleurs, nous pénétrons dans un espace de valeurs au sein duquel les gris, blancs, noirs et sépias sont distribués de manière harmonieuse (la seule «couleur» qui existe est un rouge à la fois sombre et lumineux dédié à l’un des espaces thématiques de cette exposition). La scénographie est à la fois complexe et spectaculaire. Lorsque l’on pénètre dans l’exposition, au centre de l’espace est installé un décor du film Le Cabinet du Docteur Caligari de Robert Wiene. Nous avons immédiatement l’impression d’être dans le film. Il s’agit d’une reconstitution d’un élément de décor fabriqué en 1972 par Hermann Warm, un des décorateurs historiques du film, à l’occasion de l’inauguration de la Cinémathèque française. Initialement on pouvait monter dans le décor et se retrouver sur les traces des protagonistes de ce film… Cette exposition est construite sur la base d’un parcours constitué de cellules thématiques correspondant à des constantes que l'on va retrouver dans les films identifiés comme expressionnistes : la nature, les intérieurs, la rue, les escaliers , et le corps expressionniste. Les dessins préparatoires sont présentés très soigneusement, dans une pénombre destinée à favoriser une ambiance renvoyant à chaque film. Des extraits de ces films sont présentés sur des moniteurs distribués dans chaque espace. Les sons et les bruits ne ne sont pas négligés (rappelons-nous l'importance du sifflotement de Peter Lorre dans M Le Maudit de Fritz Lang. La petite musique de Peer Gynt de Grieg (Dans le Hall du Roi de la Montagne) nous surprendra au moment où nous nous y attendons le moins et nous glacera le dos...). Le parcours (et le corps lui-même) du spectateur est pris en compte car lorsque l'on progresse dans l'exposition, l'on aperçoit son ombre, longue et inquiétante se projeter sur le mur et nous précéder...Le travail de scénographie lié à la lumière, et à la création de l'espace par la lumière sont superbes (jusque dans l'indication du pictogramme des toilettes qui est souligné, avec humour, de la même manière. C’est donc une très belle exposition. La scénographie est remarquable. Le contenu est à la fois troublant, intelligent et d'une grande beauté formelle. Des dessins originaux de Walter Röhrig, d'Hermann Warm, décorateurs du Cabinet du Docteur Caligari, (ou bien d'autres comme Emil Hasler qui a travaillé pour Fritz Lang) sont à appréhender comme des œuvres véritables et il est captivant de voir la ressemblance ou l'écart qui peuvent exister entre une aquarelle graphitée (illustration) et sa matérialisation sur l'écran. |
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illustrations : dessin préparatoire de Walter Röhrig et photogramme du Cabinet du Docteur Caligari de Robert Wiene
exposition à la Cinémathèque française (Paris), Le cinéma expressionniste allemand, splendeurs d'une collectionliens : * Pedro Almodóvar à la Cinémathèque |
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