En cela une œuvre d’art n’est pas un objet. Elle nous regarde et nous interroge plus intensément que nous ne la regardons et l’interrogeons. Ma brosse à dents ou le fauteuil sur lequel je suis assis n’ont pas ce pouvoir. Ils ne sont pas «insoutenables». D’ailleurs ils ne sont pas faits pour être regardés et je les considère pour ce qu’ils sont, des objets, qu’exceptionnellement. Ils n’existent pour moi que quand ils sont utiles. Quand je me sers d’eux, je ne les vois pas. Et quand je les considère exceptionnellement, je suis désœuvré et je peux m’abandonner à l’interprétation.
Ce que fait de façon passionnante Richard TUTTLE, mais à propos de certaines de ses œuvres, objets «insoutenables» donc, en un exercice d’ekphrasis à son propre usage, pour le catalogue Small sculptures of the 70’s quand par exemple à propos d’une plaque de métal plus petite que le format A4, percée d’un trou centré pour y passer un clou et présentant sur le côté gauche une sorte de languette rectangulaire saillant à 90°, il écrit : «Une relation complexe ou pas de relation du tout (entre la languette et le clou) ? Alors pourquoi briser le plan s’il est déjà brisé par le clou ? C’est comme s’il attendait à une intersection.»
Frédéric PAULextrait de la revue DITS, numéro 7, automne-hiver 2006, p 17-18
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illustration : ©Richard TUTTLE, Painting, années 70.Métal peint, clou, 20,5 x 14 x 1,3 cm photographie Thomas Cugini Zürich. Courtesy Annemarie Verna Galerie, extrait de la revue DITS, numéro 7, p 17 |
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