Ydessa et les ours
l'art et les formes de l'art |
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«Passant par Munich, début février 2004, j’ai découvert une exposition qui m’a intéressée, amusée, intriguée, questionnée et agitée au point d’avoir le désir immédiat de faire partager ces impressions diverses à des spectateurs qui n’ont pas vu l’exposition... ou qui l’ont vue. Entre autres, une installation "Teddy Bear Project" : j’ai vu en entrant des Teddy Bears par centaines, un ou même deux dans chacune des quelque 2000 ou 3000 photographies exposées, du sol au plafond mais je n’ai pas tout de suite compris le "projet".»
Agnès VARDA
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Agnès Varda va donc tourner un film qui a pour sujet le «Teddy Bear Project».
Nous pénétrons dans une immense salle avec mezzanine et coursive, et là, la sensation jamais éprouvée se produit. Des photographies, des milliers de photographies noir et blanc, encadrées de noir, placées bord à bord, du sol au plafond, accrochées sur tous les murs de cet espace du Haus der Kunst de Munich s’offrent à nous. Fascination et suffocation. Toutes ces photographies en noir et blanc ont un point commun : elles représentent des individus, seuls ou en groupe mais accompagnés systématiquement d’un ours en peluche. Parfois de deux. |
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Des milliers de visages inconnus, des milliers d’ours. Cette collection est l’œuvre d’Ydessa Hendeles qu’Agnès Varda va rencontrer et qui va nous accompagner dans ce film. C’est un personnage étonnant aux cheveux rouges et au regard vaguement inquiétant qui va continuer sa quête obsessionnelle tout au long de sa vie, sur internet ou ailleurs. Le propos d’Agnès Varda qui cherche à éclairer les choses face à une entreprise extravagante, hors du commun, oscille entre une volonté de classification, d’objectivité, et la subjectivité de son regard, auquel elle nous a habitués. |
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Ydessa Hendeles, curator/collector/bear aficionado and subject of Agnes Varda's "Cinevardaphoto." Photo by Agnes Varda. © Ciné-tamaris. | |||||||||
«Ydessa habite Toronto. Je me suis envolée pour aller la filmer. Le film est donc aussi un portrait de cette femme exceptionnelle et excentrique, qui vit parmi des objets, des photographies et des nounours de grande valeur. Elle a très bien précisé de quoi est fait son projet. Elle pousse l‘art de concevoir des expositions d’œuvres choisies dans sa collection et assemblées selon ses codes et concepts jusqu’à se désigner comme artiste, relançant le débat sur le statut des commissaires d’expositions.»
Agnès VARDA
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Nous cherchons à comprendre ce qui habite Ydessa. Une telle détermination est fascinante. On se dit qu’il s’est forcément passé quelque chose. Nous cherchons des indices. Aucun cartel sous les photographies. Aucune légende. Ou plutôt, une seule, discrète, dans toute l’exposition et placée en regard d’une photographie qui représente un couple au landau : «Jacobs et Dorothy Hendeles, survivants de l’Holocauste, avec Ydessa née le 27 décembre» Agnès Varda nous fait pénétrer dans la salle suivante qui va, à son tour, produire un choc, mais pour les raisons inverses : cette immense salle est vide. Nous apercevons seulement, au loin, un personnage agenouillé de dos. La caméra s’approche, tourne lentement autour de ce petit bonhomme frêle au costume gris, et là, nous découvrons ce que nous n’osons croire : il s’agit d’une sculpture de Maurizio Cattelan. Ydessa Hendeles est collectionneuse et le film d’Agnès Varda est étonnant. |
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YDESSA, LES OURS ET ETC. Film réalisé par Agnès Varda Commentaires de Agnès Varda Produit par Ciné-Tamaris Avec la participation de France 5, France 2, Jeu de paume, C.N.C. et Ministère de la Culture et de la Communication Avec la participation de Ydessa Hendeles |
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illustrations : Photographs from the collection of curator/bear aficionado Ydessa Hendeles (foreground) and from her exhibit. © Ciné-tamaris / Ydessa Hendeles Art Foundation. |
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Commentaires |
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Merci.
je ne sais pas s’il est distribué en DVD. Une visite rapide de Google, en tout cas, ne le fait pas apparaître.
Pour ce qui me concerne, j’ai eu la chance de le voir, à sa sortie, au Jeu de Paume, à Paris, présenté par Agnès Varda, elle-même ; et ma deuxième chance a été de pouvoir l’enregistrer sur cassette VHS, la même semaine, car la chaîne de télévision France 5 avait décidé de le diffuser. J’espère qu’il sortira en DVD car c’est réellement un film étonnant.